Esto es lo que hay, chronique d'une poésie cubaine (2014) Léa Rinaldi

Pays de productionFrance
Sortie en France02 septembre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurLéa Rinaldi
Société de production aLéa Films (Paris)
ProducteurLéa Rinaldi
ProducteurStéphane Plat
ProducteurDiane Gabeloteau
Distributeur d'origine JHR Films (Paris)
MixeurMarc Doisne
Compositeur de la musique originale Los Aldeanos
Compositeur de la musique originale Silvito el Libre
Compositeur de la musique originaleJulien Tekeyan
MonteurCoralie Van Rietschoten

générique artistique

Al2 el Aldeano
El B
Silvito el Libre
Los Aldeanos

Bibliographie

Synopsis

Tourné entre 2009 et 2015, ce remarquable documentaire suit un groupe de rap cubain, Los Aldeanos, et dessine à travers son parcours les contours du Cuba d'aujourd’hui. Al2 El Aldeano, le père de famille, El B, l’ancien instituteur, et Silvito el Libre, fils d’un chanteur héros de la Révolution, sont les rappeurs les plus populaires de leur pays, et ils n’ont pas le droit de faire de concert. En cause, leur liberté de ton, la franchise avec laquelle ils décrivent le quotidien des Cubains et leur critique de la police et des politiciens. Le film montre comment la censure ne se présente jamais comme telle, comment elle s’impose en silence et comment ces jeunes artistes y font face. Ils diffusent eux-mêmes leurs disques dans la rue et organisent des concerts sauvages en dehors de La Havane, loin de la surveillance permanente qui y règne. Al2 n’a pas revu son père depuis des années. Il vit aujourd’hui aux États-Unis, comme nombre de Cubains. Mais les rappeurs de Los Aldeanos ne souhaitent pas partir. Leur combat est ici, disent-ils. Des sessions d’enregistrement (parfois perturbées par l’arrivée de la police qui confisque l’ordinateur) aux concerts en Serbie, en Colombie ou à Miami, qu’ils donnent alors qu’ils ont enfin la permission de sortir du pays, le périple de ces musiciens exemplaires, aussi pauvres que leurs fans, devant se débrouiller pour joindre les deux bouts et sans cesse sous pression, a quelque chose de franchement romanesque. Le documentaire, on le voit, n’a pas été écrit à l’avance. La cinéaste capte ce qui vient, sans dramatiser ou reconstruire artificiellement les situations, ce qui donne au film une authenticité assez loin du clinquant des documentaires musicaux habituels. Un des aspects les plus intéressants du long métrage est la façon dont ces trois rappeurs se positionnent par rapport au régime castriste. Les journalistes étrangers et certains Cubains exilés aux États-Unis attendent d’eux qu’ils s’opposent directement aux frères Castro. Or, leur résistance est plus subtile. Ils ne demandent pas un changement de gouvernement, mais plus de respect et de considération de la part de la police et des politiques. Ils ne sont pas contre Castro, mais pour le peuple. Ils sont fidèles aux idéaux de la Révolution, mais contestent ce qui en a été fait. Ce discours réfléchi n’est pas entendu à l’extérieur de Cuba. Le groupe est même vilipendé, traité de castriste par des manifestants lors d'un concert à Miami, comme si ne pas attaquer nommément Castro relevait de la collaboration. Voir les trois musiciens faire face aux diverses pressions dans leur pays comme hors de ses frontières est une leçon de ténacité et de courage. Mais n’oublions pas la musique. Nul besoin d’être un spécialiste de hip-hop pour apprécier le "flow" de Al2 et de ses acolytes. Percussif, ultra rapide ou plus narratif, le style de ces trois-là est impressionnant de variété et d’efficacité. Les textes, riches, en imposent également, en dépit de la traduction : "Le vrai héros pour moi, c’est le boulanger qui malgré le four cassé fait du pain pour tout le quartier. Celui qui t’a dit que j’étais un héros, désolé, il t’a menti".
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