Human (2014) Yann Arthus-Bertrand

Pays de productionFrance
Sortie en France12 septembre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée188 mn
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Générique technique

RéalisateurYann Arthus-Bertrand
Distributeur d'origine Paname Distribution (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Face au nouveau film de Yann Arthus-Bertrand, deux postures (au moins) sont possibles. On peut décider de condamner par principe le fait qu’un film aux nets accents altermondialistes soit financé par la Fondation Bettencourt, autrement dit les bonnes oeuvres de la famille L’Oréal. Bien sûr, comme les précédents films d’Arthus-Bertrand, Human est un film "impur". Bien malin du reste qui pourrait fournir la liste de ceux qui ne le sont pas. Non que la critique ne soit pas pertinente, mais justifie-t-elle que l’on nie toute qualité au film ? On peut aussi tâcher de juger le film pour ce qu’il est, nonobstant cette discutable (chacun en jugera) incohérence. Il serait de fait bien dommage de se priver de cette oeuvre, unique en son genre. Le photographe-cinéaste adepte de la vue aérienne a cette fois filmé à hauteur d’homme. Ces trois heures sont une rencontre avec des dizaines de visages du monde entier, et avec les histoires qui les accompagnent. Toutes filmées en plan fixe selon le même dispositif, sans autres précisions sur leurs origines que celles qu’elles nous donnent elles-mêmes, ces personnes évoquent un souvenir, un point de vue, une idée, s’adressent à un mari, à un patron, à nous. Il est question d’amour, de haine, de mort, de guerre, de maladie, d’injustice, de la condition des femmes, de la condition des pauvres, et tout cela en des mots simples, parfaitement accessibles à tous, des mots terriblement justes, parfois déchirants, parfois merveilleux. Ces "témoignages" (on ose à peine employer ce terme si galvaudé par la télévision) sont ponctués de plans aériens majestueux, typiques du travail d’Arthus-Bertrand, à ceci près qu’ici la trace de l’Homme est toujours présente. Qu’on distingue un équipage suivant la crête d’une dune infinie, que l’on survole un marché, une ville, des rizières, les humains sont de tous les plans. On peut être allergique à cette esthétique grandiose, alliant couleurs éclatantes et ralenti systématique ; ce côté "fond d’écran" qui flatte l’oeil plus qu’il n’informe. On peut s’irriter de ces images grandiloquentes ouvertement "donneuses de leçon", bien-pensantes en quelque sorte. Toujours est-il qu’Arthus-Bertrand ne tombe pas dans certaines facilités, comme de filmer la misère et de l’opposer à l’opulence, ce qu’on a pu voir dans un film pourtant chaleureusement accueilli comme Samsara de Ron Fricke, qui ne reculait devant aucun effet de montage moralisateur. Ici, la violence de la condition humaine ne passe que par la parole des personnes s’exprimant face caméra, sans être interrompues, avec une éloquence qui laisse parfois le souffle coupé. Il est aisé de snober les films de Yann Arthus-Bertrand, écologiste grand public, gentil faiseur de cartes postales complaisant avec les puissants, etc. On peut aussi regretter que l’islam n’ait dans ce film que des témoins à charge. Difficile en revanche de nier la force de Human, sa capacité à passionner le spectateur trois heures durant sans aucun récit, sans commentaire, en mettant véritablement en valeur les gens qui s’y expriment. Que l’on fasse la fine bouche ou non, c’est un film qui nous tire vers le haut et qui émeut profondément.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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