El Boton de nacar (2014) Patricio Guzmán

Le Bouton de nacre

Pays de productionChili ; Espagne ; France
Sortie en France28 octobre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurPatricio Guzmán
Assistant réalisateurNicolas Lasnibat
ScénaristePatricio Guzmán
Société de production Atacama Productions (Paris)
Coproduction Valdivia Film
Coproduction Mediapro (Madrid)
Coproduction France 3 Cinéma
ProducteurRenate Sachse
CoproducteurBruno Bettati
CoproducteurFernando Lataste
CoproducteurJaume Roures
Producteur déléguéRenate Sachse
Producteur exécutifAdrien Oumhani
Directeur de productionVerónica Rosselot
Distributeur d'origine Pyramide Distribution (Paris)
Directeur de la photographieKatell Djian
CadreurKatell Djian
Ingénieur du sonAlvaro Silva Wuth
MixeurJean-Jacques Quinet
Compositeur de la musique originale Miranda & Tobar
Compositeur de la musique originaleHugues Maréchal
MonteurEmmanuelle Joly
Conseiller artistiqueRenate Sachse

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Le Bouton de nacre peut se lire comme le second volet d’un dyptique entamé en 2010 avec Nostalgie de la lumière, qui échappait déjà à tout essai de définition. Filmé dans le désert d’Atacama au nord du Chili, il se révélait être un essai cinématographique complexe, entremêlant questionnements à la fois scientifiques et philosophiques, et témoignages de la dictature d’Augusto Pinochet. Patricio Guzmán choisit avec Le Bouton de nacre de déplacer ce dispositif à l’extrême sud du Chili, en Patagonie, immense archipel d’îles et de fjords porteur d’une histoire tourmentée. L’eau fonctionne ainsi comme fil conducteur, point de départ et d’ancrage, du film, reliant différents niveaux de narration : l’eau en tant que composante du cosmos, "pont entre les étoiles et nous", et comme élément fondateur des "peuples de l’eau", premiers habitants de Patagonie. Le cinéaste nous apprend que ces ethnies partageaient avec l’eau un lien profond, l’océan étant constitutif de leur identité, comme le précise un intervenant du film. Patricio Guzmán soulignera plus tard dans le film que les Chiliens ont perdu ce lien à cet élément originel. Il ne reste désormais qu’une vingtaine de descendants de ces ethnies, progressivement éliminées après l’arrivée des colons, chercheurs d’or et missionnaires dans les années 1880. Les dernières populations "indigènes" seront exterminées au cours du XXe siècle lors de battues humaines. Nous découvrons que l’un d’entre eux, Jemmy Button, fut renommé ainsi par un capitaine qui l’avait emmené en Angleterre à des fins "civilisatrices" en échange d’un bouton de nacre. Une fois revenu en Patagonie, il fut incapable de renouer avec les membres de son ethnie... Patricio Guzmán a alors entrepris pour le film un travail de recherche des derniers survivants, une vingtaine tout au plus, considérés par le gouvernement actuel comme des "trésors humains vivants". Ponctué par des entretiens avec ces survivants, ainsi qu’avec d’autres intervenants, le film déroule ainsi peu à peu son sens singulier du montage, où des plans absolument maîtrisés de glaciers, fjords ou installation artistique côtoient des images d’archives commentées en voix off par le réalisateur. Une des plus belles séquences du film est peut-être celle où le cinéaste fait revivre la langue kawésqar en demandant à sa dernière descendante, Gabriela Paterito, de se souvenir de certains mots et de les réciter face à la caméra. L’eau s’y fait ici conductrice de mémoire et tient lieu, dans la seconde partie du film, de révélateur des atrocités de la dictature chilienne. Le deuxième bouton de nacre du film est en effet celui retrouvé sur des morceaux de voies ferrées servant à lester les corps des victimes et prisonniers politiques jetés à l’océan. La force et l’acuité du Bouton de nacre réside alors dans cette navigation entre temps, voix et formes, où tout se répond. Dépassant le simple travail de mémoire, en mêlant histoire personnelle, collective et universelle, il offre, bien plus qu’une voix à l’eau, une forme visuelle novatrice et sidérante de justesse. _J.Ch.
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