Rabo de Peixe (2014) Joaquim Pinto, Nuno Leonel

Le Chant d'une île

Pays de productionPortugal
Sortie en France21 octobre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée103 mn
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Générique technique

RéalisateurJoaquim Pinto
RéalisateurNuno Leonel
Société de production ICAM - Instituto do Cinema, Audiovisual e Multimédia (Lisboa)
Société de production Filmebase
Distributeur d'origine Norte Distribution (Paris)
CadreurJoaquim Pinto
CadreurNuno Leonel
MonteurJoaquim Pinto
MonteurNuno Leonel

générique artistique

Joaquim Pinto(une voix du commentaire)
Nuno Leonel(une voix du commentaire)

Bibliographie

Synopsis

Il y a quinze ans, Joaquim Pinto et son compagnon Nuno Leonel séjournent à plusieurs reprises dans un petit port de pêche des Açores appelé Rabo de Peixe ("queue de poisson" : on soulignera pour une fois la pertinence qu’il y a ici à ne pas avoir traduit dans sa littéralité ce titre original), trouvant là un peu de repos au début de leur traitement contre le HIV. Ils établissent à cette occasion des rapports d’amitié avec les pêcheurs de l’île mais aussi avec les militants de la pêcherie artisanale. C’est ainsi qu’ils rencontrent Pedro, dont le beau-père, Artur, est un des porte-paroles de la pêcherie. De cette amitié naissante, de la constatation qu’à l’échelle planétaire, la pêche industrielle épuise les océans et de l’observation d’un travail artisanal en voie de disparition (pêche de la morue pour le marché local et de l’espadon pour l’export), ils tirent un premier documentaire de 55 minutes, financé par la télévision portugaise et livré en 2003. Près de quinze ans après ce tournage, portés par le désir de proposer une vision autre, cette fois plus personnelle, du parcours et des combats de ces jeunes pêcheurs, ils nous offrent ce nouveau montage, qu’ils espèrent libéré des contraintes inhérentes à la commande télévisuelle. Mâtiné de réflexions personnelles sur la fraternité, l’ici et l’ailleurs, les techniques de pêche en voie de disparition (et qui contribuent pourtant encore pour 40% aux exportations des Açores), l’inéluctable destin, la difficulté de gagner sa vie, glissant d’une personne à une autre, d’un récit de pêche à l’âpreté de la vie à terre, ils livrent un travail régulièrement confus, et dont on ne saisit pas toujours l’intérêt à 15 ans de distance (c’est à la fois trop tôt pour une mise en perspective historique et trop vieux pour un éclairage des temps). Sous un ciel toujours lourd de pluie (fait-il jamais beau aux Açores ?), porté par des images brutes, parfois ternes, et par un commentaire qu’ils assurent à deux voix, ils ne cessent d’hésiter - au risque de nous perdre - entre enquête anthropologique, journal de vie, film de famille, rapport scientifique, méditation sur le monde et fascination pour les structures solidaires qui résistent encore à l’ordre marchand. Au milieu de cette entreprise d’immersion et de réflexions mêlées, trois moments forts : un jeune marin qui apprend à nager dans la piscine municipale, se jetant littéralement à l’eau, pour ne pas être complètement démuni et perdu face à la vague un jour probable ; un autre, tout aussi jeune, dont le visage ouvert, les beaux yeux rieurs et la vitalité avaient retenu l’attention, et qui disparaît en mer un jour de gros temps, rappelant ainsi à tous que le danger et la noyade font cortège ; enfin, le partage, en janvier 2002, des premières paies en euros. Une monnaie qu’ils découvrent et qui souligne plus avant la modicité des salaires (de 300 à 700 euros) pour un harassement sans fin sous le crachin mauvais qui s’insinue, au large d’une île, leur île, Santa Maria, au milieu de nulle part et ignorée de tous. Une monnaie qui promettait un avenir plus solidaire et dont on mesure - en même temps, donc, que l’on mesure le mérite de ce film, et l’intérêt de passer outre ses moments les moins opportuns -, à quel point ces espoirs furent vains.
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