C'est quoi ce travail ? (2014) Luc Joulé, Sébastien Jousse

Pays de productionFrance
Sortie en France14 octobre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurLuc Joulé
RéalisateurSébastien Jousse
Assistant réalisateurCarole Guénot
ScénaristeLuc Joulé
ScénaristeSébastien Jousse
Société de production Shellac Sud (Marseille)
Société de production TEC/CRIAC - Travail Et Culture, Centre de Recherche, d'Innovation Artistique et Culturelle (Roubaisx
ProducteurThomas Ordonneau
ProducteurNicolas Naudé
Directeur de productionFrancine Cadet
Distributeur d'origine Shellac Distribution
Directeur de la photographieSébastien Jousse
CadreurSébastien Jousse
Ingénieur du sonArnaud Devillers
Ingénieur du sonThibaut Macquart
Ingénieur du sonSamuel Rouillard
MixeurMaxime Gavaudan
Compositeur de la musique originaleNicolas Frize
MonteurFranck Littot

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

De 2012 à 2014, le compositeur Nicolas Frize a été accueilli "en résidence" dans une usine du groupe PSA Peugeot Citroën à Saint-Ouen. Luc Joulé et Sébastien Jousse ont suivi au quotidien le travail des employé(e)s de l’usine ainsi que celui du musicien en quête de sons et de mots propres à décrire les rapports de l’homme à son activité. Le documentaire se concentre avant tout sur les "opérateurs" et sur la façon dont ils parlent de leur travail. La "prod’" à faire chaque jour, la machine qui fait des siennes, les tendinites, le mal de dos... Toutes les difficultés sont abordées bien sûr, mais pas seulement. Chacun(e) parle de sa façon de faire personnelle, de l’importance de ce petit plus qu’on apporte à ce qu’on fait. C’est d’ailleurs sans doute le thème principal du film : ce qui nous distingue du robot, ce que les consignes, les standards ne disent pas, cette marge de liberté, de jeu, de vie qui fait toute la différence. "Je prends les pièces comme ça, et personne ne les prend comme moi", dit un ouvrier. La question du sens du travail, du sentiment de fabriquer quelque chose, revient également souvent : "À Saint-Ouen, les pièces ne me parlent pas. À Aulnay, les pièces me parlaient. Ici, on ne voit pas ses traces, on n’a pas l’impression de participer". Nicolas Frize écoute, enregistre, digère tout cela, nous fait part de ses interrogations. Il dit chercher l’intime des choses, l’indicible. Compliqué, selon lui, de rendre compte de ça en musique, de ce que l’activité fait aux corps. Ce dernier ne montre pas de longues interviews, ne raconte pas la vie de celui-ci ou de celle-là : les deux cinéastes restent sur leur sujet, avec empathie mais aussi une certaine distance, respectueuse. On comprend petit à petit l’intérêt de mettre en parallèle le travail du musicien et celui des ouvriers. Ils posent tous deux le problème de l’interprétation. Une machine peut transformer en sons une partition. Aucune, cependant, ne peut interpréter car, interpréter, c’est "chercher une part de soi, c’est l’invisible. L’écriture ne dit rien. Interpréter, c’est partager et pas être un exécutant servile d’un projet sacré ". Interpréter, en somme, c’est vivre, pourrait-on dire. Cet espace vital, essentiel, est au coeur du labeur quotidien dans cette usine de voitures. En jouant leur partition chacun(e) à sa façon, les ouvrier(e)s résistent à leur devenir-robot, à l’abrutissement. "Je cherche les interstices", fait chanter Nicolas Frize à un soliste. Ainsi, cet ancien qui "fait la nuit" et qui, une plante après l’autre, a créé une véritable oasis de verdure au sein de cet univers mécanique. Cet autre aussi, qui se passe "des symphonies entières" dans la tête, qui aime le beau geste, évoque le Van Gogh de Pialat et dit qu’il y a des gens qui ont des choses extraordinaires à dire dans les usines. On n’oubliera pas non plus cette "opératrice" racontant sa crise de nerfs un jour où le travail était devenu insupportable. À la fin, on retrouve certains de ces héros en qualité de récitants lors du concert de Nicolas Frize organisé dans l’usine. À nouveau, ils "interprètent". C’est touchant, c’est beau.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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