Synopsis
Pour son tout premier documentaire, Jérôme Huguenin-Virchaux a choisi de filmer l’école, un exercice auquel d’autres réalisateurs se sont pliés avant lui (en la matière, on pense d’abord et avant tout à Nicolas Philibert qui, en 2002, avait ouvert la voie avec Être et avoir, lauréat notamment du Prix Louis-Delluc, et qui avait attiré dans les salles françaises près de deux millions de spectateurs), mais aussi en même temps que lui (Dis maîtresse ! de Jean-Paul Julliand [v.p. 198], sorti un mois tout juste après le présent film, et qui raconte lui aussi le quotidien d’une école maternelle). Avec L’Étape du papillon, Huguenin-Virchaux s’attaque à un sujet passionnant : comment des petits de trois ans à peine apprennent peu à peu à vivre ensemble, avec les autres enfants mais aussi avec les adultes, à se plier aux règles de la collectivité, à acquérir des connaissances et des compétences nouvelles, et à quitter la toute petite enfance pour devenir des élèves à part entière ; autant d’étapes cruciales pour la suite de leur scolarité. L’école "en personne" commente en voix off les temps forts de l’année : une fantaisie que le réalisateur a voulu "poétique" (allégorie nostalgique du temps qui passe) mais qui semble l’avoir dispensé d’une véritable perspective. Car s’il parvient, au début du film, à capter avec justesse l’émotion et le bouleversement que représente cette première rentrée scolaire pour les enfants, son propos se dilue assez vite. Huguenin-Virchaux veut tout montrer : les apprentissages en classe, les récréations, la cantine, la sieste, les séances de gymnastique, les passages à l’infirmerie pour soigner les petits bobos... Mais il ne "raconte" pas vraiment, se bornant à effleurer des sujets qu’on aurait aimé qu’il approfondisse (les difficultés d’intégration ou d’apprentissage de certains élèves, les amitiés qui se nouent dans la cour de récréation, les peurs, les colères, les rivalités...), tout en prenant le temps d’interviewer les petits face caméra, alors que c’est en les filmant en action, au sein de l’école, qu’il rend le mieux compte de l’incroyable métamorphose qui s’opère sous ses yeux. Ces progrès et ces changements se produisent grâce au travail et aux encouragements de Nadia, l’institutrice, personnage solaire et central du documentaire. La bienveillance dont elle entoure ses élèves illustre parfaitement le rôle qu’ont à jouer les professeurs en maternelle. Le format court de L’Étape du papillon (52 minutes) explique sans doute la frustration qu'il peut susciter, et laisse d’ailleurs penser qu’il aurait davantage sa place dans la grille de programmation d’une chaîne de télévision que dans les salles obscures. Mais Huguenin-Virchaux a le mérite de livrer un témoignage rare et précieux sur ce moment éphémère de l’enfance et de rendre hommage au savoir-faire et à la patience des enseignants et de leurs assistants. Le film permet également de dissiper la part de mystère qui entoure le quotidien de ces écoliers en herbe, souvent trop jeunes pour raconter à leurs parents de quoi sont faites leurs journées.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
Réalisateur