La Forme des îles (2014) Patrick Viret

Pays de productionFrance
Sortie en France14 octobre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée112 mn
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Générique technique

RéalisateurPatrick Viret
Société de production Les Films du Viaduc
Distributeur d'origine Les Films du Viaduc
Directeur de la photographiePatrick Viret
Directeur de la photographieEric Thomas
Directeur de la photographieBertrand Latouche
Ingénieur du sonJean-Paul Buisson
Ingénieur du sonGraciela Barrault
MixeurOlivier Lecoeur
MixeurJean-Paul Buisson
MonteurJean-Paul Haustère

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Avec La Forme des îles, Patrick Viret, auteur d’une trentaine de documentaires, s’intéresse à un territoire éloigné, et assez oublié, de l’Hexagone, à un ailleurs difficile à situer et à se représenter pour nombre de Français, à savoir l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, dernier vestige de l’empire français en Amérique du Nord. Dans ce film sont évoqués l’histoire d’hier, les difficultés économiques d’aujourd’hui et l’avenir incertain. Un mode de vie aussi, une manière d’occuper un espace aride, voire ingrat, d’y survivre, d’y prospérer dans le meilleur des cas, ce dont témoignent des photographies d’archives, de remarquables extraits de livres lus en voix off, que viennent rythmer, de temps à autre, les Éphémérides d’Émile Sasco - interminable et poétique litanie des noms de navires qui se sont abîmés dans les eaux de l’archipel - ainsi qu’un texte du cinéaste. Sans oublier naturellement les propos, remarquables d’intelligence et de précision, des hommes et des femmes qui vivent ici depuis toujours : écrivains et historiens, peintres et photographes, artisans et commerçants, journalistes et enseignants, sportifs et philatélistes, un charpentier, un forgeron, un contrebandier... Toute une population en somme (six mille âmes, guère plus) dont la diversité confirme la formule de Bernardin de Saint-Pierre, laquelle entendait que "les îles sont de petits continents en abrégé". Tous sont inquiets du litige, séculaire, avec le Canada, et maintenant réaccordé à la forme des temps que nous vivons. Ainsi, en 1995, interdiction a-t-elle été faite aux marins-pêcheurs de pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve, ce qui a pour effet d’asphyxier l’économie de l’île et d’en compromettre sérieusement l’avenir, ce dont les pouvoirs publics ne semblent pas s’émouvoir ou se soucier autant qu’il le faudrait. Des îles, Gilles Deleuze, lui, a pu écrire : "Rêver des îles, avec angoisse ou avec joie, peu importe, c’est rêver qu’on se sépare, qu’on est déjà séparé, loin des continents, qu’on est seul et perdu - ou bien c’est rêver qu’on repart à zéro, qu’on recrée, qu’on recommence." À cette différence près qu’il ne s’agit pas, pour les natifs et habitants de Saint-Pierre, Grande Miquelon et Langlade, d’un rêve, mais bien d’une réalité qui leur est propre, ou le leur a été, d’une réalité âpre dont le film ne cache ni la rudesse ni la beauté. Et, quelques phrases plus avant, Deleuze poursuit : "Ce n’est plus l’île qui est séparée du continent, c’est l’homme qui se trouve séparé du monde en étant sur l’île." Sentiment qui, à en croire les divers témoignages, va grandissant sur Saint-Pierre, où prend corps l’idée que tous ont été abandonnés par la métropole. Pour le reste, La Forme des îles - en organisant un mouvement de balancier, parfois brusque, entre les différents registres d’images, des archives aux plans de paysages, des plans de groupes aux prises de paroles, d’un témoin à celui qui en prend le relais, de la voix off au son direct - fait preuve d’un style qui, parfois, relève davantage du reportage que du documentaire. Tant et si bien que le contenu du film s’avère plus captivant que ne l’est son écriture. Si cela ne lui est pas préjudiciable, cela n’en demeure pas moins regrettable.
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