No Home Movie (2014) Chantal Akerman

No Home Movie

Pays de productionBelgique ; France
Sortie en France24 février 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée115 mn
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Générique technique

RéalisateurChantal Akerman
ScénaristeChantal Akerman
Société de production Paradise Films (Bruxelles)
Société de production Liaison Cinématographique (Paris)
ProducteurChantal Akerman
ProducteurPatrick Quinet
ProducteurSerge Zeïtoun
Distributeur d'origine Zeugma Films (Paris)
MixeurÉric Lesachet
MonteurClaire Atherton

générique artistique

Chantal Akerman
Natalia Akerman

Bibliographie

Ouvrages

Périodiques

Synopsis

En présentant No Home Movie à Locarno, Akerman avait demandé au public "un peu de patience et un peu d’abandon". Précaution nécessaire avant d’entrer dans ce film rugueux, dont la première séquence (un plan fixe de près de 4 minutes sur un arbre battu par le vent) congédie d’emblée le spectateur pressé. Passée cette porte, No Home Movie nous entraîne, à petits pas, dans un corpus de séquences répétitives : moments quotidiens entre Akerman et sa mère dans l’appartement bruxellois de celle-ci ; conversations sur Skype, quand Chantal est en voyage ; plans de paysages, issus de ces mêmes voyages. À l'arrière-plan on perçoit la présence de choses plus lourdes (la relation fusionnelle entre la mère et la fille, le passé, le spectre de la Shoah...), mais l’objet du film n’est pas de les "documenter". Ce qu'il capte est plus profond, plus intime, plus sombre. À mesure que les ellipses se creusent autour du drame qui est en train de se jouer (la mort de la mère), la pénombre envahit physiquement l’image, semblant absorber les protagonistes. À mesure que cette mort de la mère approche, celle d’Akerman (qui s’est suicidée deux mois après la présentation du film à Locarno), déjà, projette un voile noir sur le film. À mesure que celui-ci progresse vers son achèvement, il semble devenir de plus en plus à vif, épidermique : tout y fait sens, tout y est douloureux. Ainsi ces longs plans sur des paysages, filmés depuis une voiture, traces de voyages dont ne subsiste rien que ce regard immobile balayant impassiblement le bord des routes. Ou bien cette scène où Akerman discute avec la femme de ménage dans la cuisine maternelle. Alors qu’elles parlent de la famille, Chantal entreprend de lui raconter la déportation de sa mère. Comprenant mal le français, la femme lui oppose tout au long de son récit un sourire d’une involontaire violence, puis enchaîne sans transition : "Et vous, pas mariée, pas d’enfants, rien ?" Le "non" qui lui répond, à la fois ferme et sourd, est terrible. Si le film crie, c’est de cette façon-là : avec des silences, jamais avec des plaintes. Si No Home Movie est un film sur la mort, cela ne passe pas par une fascination pour la décrépitude des corps, seulement par l’image de lieux, où l’on est et puis où l’on n’est plus. Au fil d’images d’apparence anodine, Akerman filme l’oppressante force du monde, sa tranquille permanence face à la fragilité des êtres qui l’habitent temporairement. Le corps de la mère, d’abord, évolue dans les pièces de son appartement, puis se retire dans l’ombre, puis disparaît. C’est un processus de dématérialisation, que la cinéaste enregistre. Au début du film, la mère s’étonne que sa fille la filme, sur l’écran de son ordinateur, lors d’un échange par Skype. Akerman explique alors : "Je voudrais faire quelque chose sur le fait qu’il n’y a plus de distance dans le monde. Toi, tu es à Bruxelles, moi je suis dans l’Oklahoma. Il n’y a plus de distance". Plus tard, la mère est morte. Et Chantal monte ce film, qui semble alors dire : "Moi je suis vivante. Toi tu es morte. Il n’y a plus de distance." Et puis No Home Movie arrive sur les écrans. Nous le regardons avec nos yeux de vivants, mais Akerman, elle, est déjà morte. Pourtant elle nous parle. Il n’y a plus de distance.
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