Synopsis
Pratiquée depuis son plus jeune âge, la danse a accompagné Claire Patronik - dont c’est ici le premier long métrage - tout au long de son parcours, sans jamais être pour elle une finalité. Devenue adulte, elle raccroche naturellement les chaussons et s’éloigne des lumières de la scène, pour être à l’origine des spectacles plutôt que d’en être l’actrice. Un choix pas si inconscient, puisqu'elle savait au fond depuis toujours qu’elle ne ferait pas de la danse son métier. Aussi, lorsqu’elle s’empare de la caméra dix ans plus tard pour parler de danse, ce choix devient l’axe central de son documentaire. En réunissant quatre anciens camarades de conservatoire, Louise Djabri, Hugo Mbeng, Anna Chirescu et Claire Tran, aujourd’hui danseurs professionnels, et en leur proposant de réaliser collectivement une chorégraphie, Claire Patronik cherche à mettre en lumière l’énergie vitale qui a poussé chacun d’entre eux à faire le choix d’une vie de sacrifices et de contraintes, condition sine qua non pour espèrer se maintenir à un niveau professionnel et vivre de sa passion. Ainsi, lorsque l’ancienne danseuse les contacte, tous sont à un point crucial de leur parcours. Hugo est immobilisé à cause d’une blessure, quand Louise vient d’être renvoyée de l’opéra de Bordeaux après six ans de bons et loyaux services. Anna, quant à elle, a mis la danse entre parenthèses pour reprendre des études, et Claire, enfin, vient de tourner une page dans sa carrière en s’intéressant de plus en plus au théâtre. Les quatre danseurs ne sont pas les seuls pourtant à faire face aux doutes. En plus de l’acte même de filmer, nouveau pour elle, Claire Patronik doit se plier une nouvelle fois à ce travail du corps après plus de dix ans d’arrêt, tout en essayant, dans le même temps, de se réapproprier l'esprit qui anime tout danseur. À la manière d’un journal intime, reprenant pas à pas sa réflexion, la réalisatrice imbrique son propre cheminement de retour à la danse aux parcours personnels des quatre autre protagonistes. Sous forme d’interviews-conversations et de moments de vie filmés, elle leur donne la parole, révélant une autre facette d’un univers généralement fermé à l’introspection, qui ne reconnaît qu’un seul langage, celui du corps, unique vecteur de communication, où la sensibilité se meut plus qu’elle ne se pense. La chorégraphie, conçue à plusieurs, chacun apportant une phrase dansée, crée une résonance avec la structure du film, où chaque interprète représente ainsi une phrase du documentaire, qu'il imprègne de son histoire, de ses influences artistiques et de sa personnalité. Malgré la succession de portraits qui restent parfois un peu trop en surface, et un certain nombre de difficultés inhérentes à la vie de danseur - et plus généralement à celle d’artiste -, ou de doutes éludés au profit d’un regard résolument positif sur le métier, Comme ils respirent parvient à communiquer, sur un mode intimiste, la passion et l’énergie qui habitent chaque danseur, sublimées par la volonté de Claire Patronik d’y rendre hommage.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
Réalisateur