Orlando Ferito (2013) Vincent Dieutre

Pays de productionFrance
Sortie en France02 décembre 2015
Procédé image35 mm - Couleur
Durée104 mn
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Générique technique

RéalisateurVincent Dieutre
ScénaristeCamille de Toledo
ScénaristeGiulio Minghini
ScénaristeVincent Dieutre
Auteur de l'oeuvre originalePier Paolo Pasolinid'après des extraits de l'oeuvre
Auteur de l'oeuvre originaleGiorgio Agambend'après des extraits de l'oeuvre
Auteur de l'oeuvre originaleGeorges Didi-Hubermand'après des extraits de l'oeuvre
DialoguisteCamille de Toledo
DialoguisteGiulio Minghini
DialoguisteVincent Dieutre
Société de production La Huit Production (Paris)
ProducteurStéphane Jourdain
ProducteurGilles Le Mao
ProducteurLaurence Milon
Producteur associéCaroline Helburg
Distributeur d'origine La Huit Distribution (Paris)
Directeur de la photographieArnold Pasquier
Ingénieur du sonBenjamin Bober
MonteurDominique Auvray
AnimateurGuillaume Dimanche

générique artistique

Eva Truffaut(la voix de la narratrice)
Vincent Dieutre(la voix du narrateur)

Bibliographie

Synopsis

Vincent Dieutre est un cinéaste des idées et des sens. Avec tout ce que cela implique de complexité et de contradictions. Jusqu’au-boutiste, volontiers excessif, il assume tout et n’hésite pas à se mettre en scène dans Orlando ferito ("Roland blessé"). Le film parle de Vincent Dieutre, l’homme, l’homosexuel, l’intellectuel, l’Européen. Mais l’autobiographie filmée, genre qui peut vite tourner à vide, est ici dépassée, sublimée par la richesse et la densité du propos. Tout part d’un article de Pier Paolo Pasolini évoquant la "disparition des lucioles". Ces "lucioles" sont à comprendre comme une allégorie de la beauté du monde que détruisent capitalisme forcené et marchandisation du désir. À ses yeux, un des symptômes principaux de cette société contemporaine déclinante est l’objectivation de l’être humain. Rendre compte en images d’un tel texte relève de la gageure. Et c’est là que Vincent Dieutre fait preuve de brio. En réponse à la pensée de Pasolini, il donne la parole au philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman. L’écrivain, justement auteur de Survivance des lucioles, nourrit l’espoir qu’artistes et intellectuels déjouent le pouvoir, en ciblant tout particulièrement les méfaits de la suprématie de l’image sur le réel en politique. Une suprématie intrinsèque au berlusconisme, dont les dommages sur la société italienne se feront encore longtemps ressentir. Dans une vidéo adressée à des spectateurs venus occuper un théâtre de Palerme, en Sicile, pour protester contre sa fermeture, Georges Didi-Huberman exhorte, dans la langue de Dante, à se rappeler ces lucioles. À entretenir leur mémoire et à ne jamais se résoudre à un pessimisme qui ferait sombrer l’individu dans une torpeur intellectuelle. La tragédie des migrants de Lampedusa, l’idée d’Europe, l’amour... Le spectre thématique abordé est infini. En guise de canevas à cette matière vibrionnante, le cinéaste s’appuie sur la légende de Roland, qui a inspiré à L’Arioste son grand poème épique Orlando furioso (en français, "Roland furieux"). Racontée par les "pupi", ces marionnettes traditionnelles du sud de l’Italie, l’histoire du neveu de Charlemagne prend un tour poétique d’une rare beauté. Pétri de références à l’histoire et à la culture transalpine, nourri d’un humanisme lumineux, Orlando ferito est difficile d’accès, parfois abscons. Il se révèle pourtant fascinant, pour peu qu’on accepte les règles du jeu édictées par Vincent Dieutre, à savoir ce sens de l’auto-mise en scène. On est finalement assez loin du délire narcissique puisqu’ici Dieutre-personnage sert de point d’ancrage, de boussole, de miroir à Dieutre-observateur. Mais aussi de point autour duquel Dieutre-démiurge trace des cercles concentriques. De l’individu au couple, puis au collectif, de la Sicile à la nation, jusqu’à l’Europe... Sous le soleil tout-puissant de la Sicile, il donne à voir un film-monstre aux niveaux de lecture si nombreux qu’une seule projection ne suffirait à en saisir tous les enjeux. Passionnant, son Roland blessé est un puissant geste de cinéma.
© LES FICHES DU CINEMA 2015
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