Synopsis
Émilie Thérond revient dans l’école de son enfance, à Saint-Just-et-Vacquières, dans les Cévennes. Elle y a passé son primaire avec le même maître d’école, Jean-Michel Burel, qui, lui, y a enseigné pendant quarante ans. Maire du village et professeur de l’unique classe qui regroupe tous les niveaux de l’école primaire, il effectue sa dernière année avant la retraite. La réalisatrice a choisi de suivre cet ultime temps de septembre à juin, ponctué par les saisons, en filmant sa classe. Hommage réalisé avec la tendresse d’une ancienne élève consciente de tout l’amour que cet homme a donné aux enfants de ses classes, ce documentaire naturaliste est le portrait d’un maître passionné. Celui-ci prône les valeurs de l’école républicaine, tout en établissant un rapport paternel avec ses élèves. Parfois, en marge des règles de l’Éducation nationale, il s’autorise quelques choix personnels, comme celui d’offrir des croissants aux enfants, le matin, ou de les emmener dans la garrigue faire des cabanes. Evidemment, il est impossible de ne pas faire une comparaison avec Être et avoir puisque les similitudes sont nombreuses. Mais la différence entre les deux films est qu’à Saint-Just, il n’y a pas les maternelles et donc pas de petit Jojo pour séduire le spectateur. En revanche, le plus émouvant dans Mon Maître d’école reste monsieur Burel, professeur qui a du mal à prendre sa retraite et qui s’est adouci avec le temps. Il était plus sévère à l’époque où Émilie Thérond était petite. Il affirme qu’au début d’une carrière, il faut affirmer son autorité alors que par la suite, elle n’est plus à démontrer. Parmi les élèves, on découvre Jocris, qui a des difficultés, et Lionel, qui est nouveau. Les conflits sont résolus par le dialogue entre les garçons, qui s’insultent. Les valeurs de tolérance sont expliquées et appliquées. Une scène, remarquable et instructive pour tout enseignant, montre comment monsieur Burel aide ses élèves à reprendre confiance en les encourageant. Il affirme que ce n’est jamais perdu, qu’un élève en difficulté peut toujours y arriver si l’on évalue bien l’effort qui a été fait. Il est vrai que le contexte l’aide. L’été, il peut faire classe dans le jardin, sous un arbre. Il peut marcher jusqu’au grand chêne avec les enfants quand il en a envie. Il règne dans sa classe une rassurante atmosphère de bien-être, qui fait, il faut l’avouer, plutôt envie. La réalisatrice se souvient du bonheur procuré par la liberté, l’autonomie et l’amusement que Monsieur Burel communique toujours, des années plus tard, à ses élèves. Il prononce lui-même le terme de "pagnolesque", qui lui va très bien, et affirme qu’un professeur doit faire le guignol devant ses élèves pour les détendre. On ne va pas le contredire. L’arrivée de la future maîtresse est attendue avec inquiétude. Le dernier jour d’école est vécu dans l’émotion. Bien obligé, monsieur Burel va prendre sa retraite. Mais, il le dit aux élèves, l’année suivante, il sera là pendant les récréations, à la bibliothèque et dans la pièce à côté, puisqu’il reste maire du village. Finalement, ce maître d’école plein de bonté fait surtout penser à celui du livre Joker plutôt qu’à celui d’Être et avoir.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
