Je suis le peuple (2015) Anna Roussillon

Pays de productionFrance
Sortie en France13 janvier 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée111 mn
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Générique technique

RéalisateurAnna Roussillon
ScénaristeAnna Roussillon
Société de production Hautlesmains Productions (Lyon)
Société de production Narratio Films (Paris)
ProducteurKarim Aitouna
ProducteurThomas Micoulet
ProducteurMalik Menaï
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Directeur de la photographieAnna Roussillon
Ingénieur du sonAnna Roussillon
MixeurJean-Charles Bastion
MonteurSaskia Berthod
MonteurChantal Piquet

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Présenté en ouverture de l’ACID à Cannes en 2015, Je suis le peuple, premier long métrage de Anna Roussillon, témoigne de la vie d’une famille d’agriculteurs de la vallée de Louxor entre janvier 2011 et mai 2014, c’est-à-dire entre les premières manifestations place Tahrir et l’élection du général Abdel Fattah al-Sissi, en passant par la démission, l’arrestation et le procès d’Hosni Moubarak, l’élection et la destitution de Mohamed Morsi. Comment vivre une révolution, s’informer de ses enjeux et de ses progrès, des menaces susceptibles d’en compromettre le cours, quand la vie, ses circonstances, le travail journalier de la terre vous ont en quelque sorte assignés à résidence, loin de l’action, du coeur battant d’un pays ? Comment ses effets parviennent-ils jusqu’à vous et dans quelle mesure est-elle susceptible de changer ou d’améliorer votre ordinaire ? Quand toute l’information transite par la télévision enfin, autrement dit par la parole de l’État, comment s’en faire une idée juste, lire entre les lignes des communiqués officiels, déchiffrer une façon de mettre l’Histoire en scène, trier le bon grain de l’ivraie, démêler ce qui relève de la propagande d’un côté, de la réalité des faits, de l’autre ? Ce sont quelques-unes des questions tout à la fois simples et profondes qui viennent à l’esprit en découvrant Je suis le peuple, documentaire aussi remarquable que remarqué. Questions qui trouvent leur juste traduction métaphorique dans ces gestes incessants qu’accomplit Farraj pour optimiser l’irrigation de ses terres. Ainsi le film se partage-t-il entre la situation politique du pays et le quotidien d’un paysan, Farraj, lui-même écartelé entre une vie faite de tâches répétitives et les informations que diffusent en continu les chaînes satellitaires. Ainsi le film a-t-il, à l’image de son protagoniste, les pieds dans l’eau des rizières et la tête place Tahrir, au coeur des troubles qui secouent le pays. On ne peut qu’être frappé de surcroît par la relation de proximité, de familiarité chaleureuse, voire moqueuse, entre Farraj, sa femme et Anna Roussillon, laquelle à n’en pas douter donne au film une part de sa singularité. Complicité qui permet probablement à Farraj de commenter librement, et de confondre, les informations qu’il reçoit. Il est particulièrement touchant par ailleurs de voir ce simple artisan des champs se muer peu à peu en vétilleux analyste des images, en critique du montage à qui on ne la fait pas. Et si, comme semble le montrer le retour des militaires, d’une autorité inflexible, d’une mise en scène martiale de l’exercice du pouvoir, des duperies de la propagande, rien n’a fondamentalement changé du côté du régime, il n’en va pas de même pour Farraj qu’on voit prendre conscience des ressorts et des faux-semblants de ce qui reste une dictature. C’est ce que filme magnifiquement Anna Roussillon - enseignante et traductrice de l’arabe d’origine libanaise - et qui fait de Je suis le peuple un film tout à fait essentiel.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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