Contre-pouvoirs (2015) Malek Bensmaïl

Pays de productionAlgérie ; France
Sortie en France27 janvier 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée96 mn
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Générique technique

RéalisateurMalek Bensmaïl
Société de production Hikayet Films
Coproduction Magnolias Films (Paris)
Coproduction Thala Films (Alger)
ProducteurHachemi Zertal
ProducteurMalek Bensmaïl
Producteur associéGérald Collas
Producteur associéYann Brolli
Distributeur d'origine Zeugma Films (Paris)
Directeur de la photographieMalek Bensmaïl
Ingénieur du sonHamid Osmani
MixeurDelphine Thelliez
Compositeur de la musique originalePhil Marboeuf
Compositeur de la musique originaleCamel Zekri
Directeur artistiqueOuadi Guenich
MonteurMatthieu Bretaud

générique artistique

Omar Belhouchet(dans son propre rôle)
Hacene Ouali(dans son propre rôle)
Hassane Moali(dans son propre rôle)
Mustapha Benfodil(dans son propre rôle)
Fella Bouredji(dans son propre rôle)
Ali Benyahia(dans son propre rôle)
Mourad Slimani(dans son propre rôle)
Omar Kharoum(dans son propre rôle)
Saad Benkhlif(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Après l’hôpital psychiatrique de Constantine dans Aliénations, sorti en 2004, et l’école d’un village des Aurès dans La Chine est encore loin, sorti en 2010, Malek Bensmaïl nous montre la rédaction d’un journal d’Alger dans ce documentaire qui, une fois encore, questionne l’héritage de la révolution des moudjahidines. Le film, réalisé avec un sens aigu de l’observation, n’est pas un document de plus sur le monde de la presse. Car le journal en question est El Watan, l’unique quotidien francophone algérien, fondé en 1990, et qui tire à environ 150 000 exemplaires dans une imprimerie indépendante depuis 2001. Et surtout, le tournage a eu lieu en avril 2014, pendant la dernière campagne des Présidentielles qui ont porté au pouvoir, pour un quatrième mandat, Abdelaziz Bouteflika, quand le président faisait campagne dans un fauteuil roulant, en arrosant beaucoup de monde (d’où le ressentiment contre Khaled, devenu Marocain) et en l’absence totale d’un programme chiffré. Un journaliste rapporte la parole d’un médecin : "Puisqu’on va voter pour les morts, alors je vais voter pour Boumédiène". À l’image de Depardon, Bensmaïl tourne avec une petite équipe (trois personnes en l’occurrence), ce qui lui permet de ne pas paralyser l’expression de ceux qu’il filme. Ce ne sont pas les passages obligés des comités de rédaction ou de maquettage qui rendent le document captivant : c’est tout ce que le film laisse deviner, notamment par trois de ses aspects. D’abord, le décor rappelle les années 1950, car El Watan est installé provisoirement dans la Maison de la Presse, une ancienne caserne coloniale. Le film est rythmé par le bruit des rotatives, et aussi par les visites de chantier du nouveau siège du journal, un chantier commencé en 2001, ce qui montre bien avec quelle lenteur la démocratie se construit dans ce pays. Ensuite, il y a la vie intellectuelle de ces hommes de plume qui ne demandent qu’à s’exprimer dans un pays où le pouvoir exerce sa censure sur les idées neuves et rend les Algériens passifs. Le cinéaste est témoin des débats spontanés entre des journalistes de sensibilités différentes, et il suffit souvent d’une nuance de point de vue pour se lancer dans une polémique contradictoire et passionnée ! Par exemple, lorsqu’ils suivent la visite de l’Émir du "vilain petit Qatar", la faconde de ces professionnels de la phrase fait plaisir, mais elle interroge aussi leurs frustrations et, plus largement, la liberté d’expression. L’ombre des 120 journalistes assassinés pendant la décennie noire plane d’ailleurs sur le film. Enfin, à l’occasion de la candidature d’Ali Benflis et des manifestations du mouvement Barakat, l’actualité révèle la réalité d’un régime répressif, qui diabolise les contestataires. On mesure alors à quel point les révoltes sont étouffées, et on comprend que les Algériens n’ont pas le droit de penser. Le 14 avril, Bouteflika est réélu avec 81 % des voix. Avec ses 12 %, Benflis appelle à renverser le système. "On a battu les Soviétiques. C’est un score brejnévien". El Watan titre, non sans courage : "Bouteflika élu dans un fauteuil". Devant un kiosque, des Algériens, figés, regardent les journaux.
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