Homeland : Iraq Year Zero - Part 2 : After the Battle (2015) Abbas Fahdel

Homeland : Irak année zéro - Partie 2 : Après la bataille

Pays de productionIrak ; France
Sortie en France10 février 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée174 mn
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Générique technique

RéalisateurAbbas Fahdel
Société de production Nour Films (Paris)
ProducteurAbbas Fahdel
Distributeur d'origine Nour Films (Paris)
Directeur de la photographieAbbas Fahdel
Ingénieur du sonAbbas Fahdel
MonteurAbbas Fahdel

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En regard des dernières images d’Avant la chute, les premiers plans tournés par Abbas Fahdel dans la foulée de l’intervention militaire états-unienne témoignent de l’effondrement express d’un pays qui, en un rien de temps, a entamé sa plongée dans le chaos : les pillages et les meurtres se multiplient ; les forces de libération se comportent en occupant... Le resserrement initial autour du cadre familial, qui témoignait notamment, dans Avant la chute, de l’impossibilité de filmer l’espace public, n’a pas résisté à l’effondrement du régime. Une fois Hussein en fuite, Fahdel peut enfin s’aventurer dans les rues de Bagdad ; la parole se libère, les Irakiens évoquent la mémoire de leurs disparus, victimes des exécutions sommaires de l’ancien pouvoir. Au seul visage du tyran déchu, Fahdel substitue dès lors ceux d’un peuple d’enfants aimantés par la caméra. La place qu’il leur accorde dans Après la bataille, quitte à mettre, pour un temps, la chronique en suspens, a d’ailleurs quelque chose de bouleversant - comme s’il fallait, toutes affaires cessantes, en collecter le plus possible ; comme si le geste équivalait à les sauver ; comme si, enfin, par quelque pensée magique, leur addition était à même de conjurer la disparition prochaine d’un autre enfant : par le biais d’une légende glaçante, Fahdel nous a appris, très tôt dans le film, qu’Haidar, victime d’une balle perdue, trouverait la mort un an plus tard. Contrepoint à la propagande baassiste, tout autant qu’à l’imagerie occidentale fixée deux décennies plus tôt, lors de la première Guerre du Golfe (visions nocturnes de Bagdad zébrée de flashes lumineux, entre impacts des bombardements et tirs de défense anti-aérienne), puis dans les années ayant suivi la seconde (litanie d’attentats sanglants dont, peu à peu, les médias internationaux se seront désintéressés), le film rend au peuple irakien sa pluralité, prend à rebours les représentations usuelles faisant du pays un no man’s land, un outre-monde cauchemardesque ou le lieu d’une altérité absolue. À mesure qu’il répertorie les stigmates de l’intervention (immeubles effondrés, façades carbonisées, arbres soufflés par les explosions...), le film assoit, en miroir, son grand projet, celui que lui ont imposé les événements : le sauvetage en catastrophe - face à la catastrophe - d’une poignée de visages, de pratiques et de paysages. "On se remémore notre patrimoine avant de mourir bientôt, peut-être", songeait (dans Avant la chute), en visitant un musée consacré au Bagdad d’antan, la jeune nièce de Fahdel, achevant de donner à la scène - le film entier lui emboîterait bientôt le pas - des allures de dernier inventaire avant liquidation. Quelques instants plus tard, Haidar poserait, tout sourire, aux côtés d’une statue de cire, sans savoir qu’à son tour, il viendrait bientôt grossir les rangs de son peuple figé. Geste d’autant plus monumental que, par-delà sa durée hors-norme, il n’aura eu de cesse de puiser à l’intime, Homeland s’achève sur l’image de sa tombe ; l’album de famille est devenu un caveau et, aussi bien qu’un souvenir, le pays dépeint par Fahdel semble à présent une dystopie, un alter-Irak enseveli sous les décombres : ci-gisent un enfant, une nation et la promesse de jours meilleurs.
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