Fi rassi rond-point (2014) Hassen Ferhani

Dans ma tête un rond-point

Pays de productionAlgérie ; France
Sortie en France24 février 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée100 mn
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Générique technique

RéalisateurHassen Ferhani
Société de production Allers Retours Films (Alger)
Société de production Centrale Electrique (Paris)
Producteur déléguéNarimane Mari
Producteur déléguéOlivier Boischot
Distributeur d'origine Les Films de l'Atalante (Paris)
Directeur de la photographieHassen Ferhani
MixeurAntoine Morin
MonteurMyriam Ayçaguer
MonteurNarimane Mari
MonteurHassen Ferhani
MonteurCorentin Doucet

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"J’ai dans ma tête un rond-point d’où partent mille routes. Mais je n’ai pas encore trouvé la mienne", confie en se lavant Youcef (20 ans) à son ami Houcine, qu’il appelle familièrement le Kabyle. Et celui-ci d’essayer de le convaincre que seulement quatre routes partent de chaque rond-point. Cette phrase, qui donne son titre au film, mêlant détresse existentielle de Youcef, humour teinté d’absurde et incongruité du contexte, résume la force de ce premier long métrage documentaire de Hassen Ferhani, tourné en deux mois (avril et septembre 2013) avec des bouts de ficelle et écrit au montage, à partir des soixante heures de rushes accumulées. Comme l’avait rappelé en 2011 le percutant Entrée du personnel de Manuela Fresil (2011), l’abattoir est un lieu qui peut se révéler aussi cinégénique que lourd de symboles, tant la mort et la vie s’y côtoient. Chaque bruit résonne durement dans la nuit, les couleurs y sont tristes, le fonctionnement constant (car le Ruisseau tourne sans cesse). D’un chromatisme lumineux (ah ! l’usage parcimonieux mais subtil du rouge) et quasiment tourné en huis clos puisque les employés mangent, se lavent et dorment sur place, ce documentaire brosse au fil des images et des interventions un portrait chaleureux autant que terrible de la jeunesse algérienne, dépassant de loin le cadre des abattoirs. Comme dans le film de Frésil, tous évoquent ici leur lassitude et leurs douleurs. Mais le fatalisme l’emporte sur la colère. Il faut entendre Amou et ses aphorismes définitifs ("Je ne mens pas mais la vérité je ne tombe pas dedans"), les conversations autour de l’amour alternant avec les constats sur la situation politique. Le Printemps arabe est encore en cours. Hocine aimerait se révolter. Youcef l’en dissuade : "Tu auras l’État et l’armée contre toi [...] et à la fin, il ne restera que les pauvres qui paieront pour les riches". Propos incroyables captés grâce à la confiance qu’Hassen Ferhani a su gagner. L’acmé, c’est Youcef expliquant qu’en Algérie, "tu n’as que quatre choix : voler et dealer, te suicider, te remplir la tête et devenir un mort-vivant ou traverser la mer", et de conclure qu’il tentera de fuir. On est aussi remué par la force de la musique raï, partie prenante de la narration, les extraits de poèmes récités par l’oncle Ali, entré en 1945 pour donner une vie digne à sa famille et cantonné depuis à l’entretien des toilettes. Parfois, des situations cocasses émergent, tel ce moment où Youcef et un employé regardent un match de foot à la télé tandis que deux, puis trois, puis huit hommes tentent de faire avancer un boeuf entre eux et le téléviseur avant de s’y précipiter après qu’un but a été marqué. Ou cet instant insupportable durant lequel une vache agonise en ahanant cependant que celui qui l’a égorgée lit son journal juste à côté. Et puis il y a, durant la fête de l’Aïd, le questionnement des protagonistes sur les images et leur utilisation par l’État. Eux qu’on ne filme que rarement et qui n’intéressent personne. Décidément, comme l’a démontré le poignant Les Jours d’avant de Karim Moussaoui (2015), le jeune cinéma algérien se porte bien.
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