Marseille entre deux tours (2015) Jean-Louis Comolli, Michel Samson, Jean-Louis Porte

Pays de productionFrance
Sortie en France30 mars 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée90 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Louis Comolli
RéalisateurMichel Samson
RéalisateurJean-Louis Porte
ScénaristeJean-Louis Comolli
ScénaristeMichel Samson
ScénaristeJean-Louis Porte
Société de production Seconde Vague Productions (Marseille)
Distributeur d'origine Promenades Films (Paris)
Ingénieur du sonJean-François Priester
Compositeur de la musique originaleAndré Jaume
MonteurJean-Louis Porte
MonteurJean-Baptiste Delpias

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Jean-Louis Comolli et Michel Samson filment Marseille et interrogent sa vie politique depuis 1989. Marseille entre deux tours se construit sur une succession d’entretiens abordant différentes facettes de la ville, filmés en plein air, chacun en un plan-séquence ou presque. En fil rouge, les élections municipales de 2014, qui virent la déconfiture du PS et la victoire du FN dans le 7e arrondissement de la ville. Plutôt que de s’attarder en détails sur l’événement, les auteurs ont choisi de prendre de la distance en donnant la parole à des intervenants passionnés par leur ville. Comme personne n’est réellement présenté (seuls un ou deux participants sont clairement identifiés), on est contraint de deviner qui est qui. On a vraisemblablement affaire à un anthropologue, un sociologue, un directeur artistique... L’un s’enflamme pour ce réservoir d’eau qui alimente toutes les Bouches-du-Nord, coeur méconnu de la ville et retraite pour amoureux. L’interview est plutôt intéressante, mais on aurait apprécié que les différentes références, telles les fameux "excursionnistes marseillais" ou le non moins fameux "Félibrige" (que deux ou trois spectateurs méconnaissent peut-être !), soient plus explicitées. Or, c’est un peu le problème de l’ensemble des entretiens. On est entre lettrés : le vocabulaire est celui des sciences humaines, on parle "urbanité", "corporéité", "oppidum"... On comprend ce qu’on nous dit, mais on a parfois l’impression de déranger. On apprend pourtant avec intérêt qu’au VIe siècle avant J-C. existait déjà - et pas par hasard - une route à l’endroit même de l’A55 ; que le quartier de La Plaine a été créé par les usages sociaux et non par l’administration ; on écoute volontiers cette réflexion sur la paradoxale avance - notamment en matière de liens ville/nature - de cette ville que d’aucuns jugent retardataire sur de nombreux points. Le problème est qu’on ne fait qu’effleurer ces sujets, et qu’au final on reste dans le vague. Concernant les images des élections municipales, s’il est amusant d’entendre l’élue PS Samia Ghali parler d’elle à la troisième personne lors d’une réunion avec des habitants, on peut s’interroger sur la pertinence de conserver in extenso tel discours de Patrick Menucci, ou encore d’interminables plans de journalistes attendant une déclaration dans un siège de campagne. En fait, on a plus le sentiment d’une étape de travail (le fameux "work in progress") que d’un film achevé. Tous les sujets abordés sont potentiellement passionnants, mais pourquoi ne pas prendre le temps de fouiller le propos ? D’autre part, le fait de ne converser qu’avec des intellectuels, sans pour autant aller au fond des choses (ce qui justifierait le choix de ne s’adresser qu’à des "savants"), a cet effet désastreux - et sans aucun doute à l’opposé des intentions des auteurs - de réduire les "gens", les "Marseillais" à une masse indistincte dont on parle avec bienveillance, et de les reléguer à un simple objet de discours. Épisode un peu à part dans l’ample travail documentaire sur la vie politique marseillaise que mènent Jean-Louis Comolli et Michel Samson depuis plus de vingt-cinq ans, Marseille entre deux tours n’est, à l’évidence, pas le plus passionnant.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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