Synopsis
Promu par l’Association du Développement de Soi, ce film aura été l'occasion, près de trois ans durant, de recueillir les témoignages de ceux qui, principalement en Inde et aux États-Unis, ont croisé le chemin de Paramahansa Yogananda et sont à même de nous présenter son parcours, ainsi que de nous introduire à sa philosophie. Financé par les plus fervents admirateurs du gourou, le film est coréalisé par Paola Di Florio et Lisa Leeman, lesquelles étaient, récemment encore, novices en la matière. Tant mieux : cela permet au film de constituer une introduction d'une grande clarté, à l'usage des non initiés, et de ne pas céder au piège d'une ambiance excessivement mystique. Toutefois, la part spirituelle a ici clairement sa place : on relèvera ainsi les quelques tentatives de mise en scène des visions et des rêves "prémonitoires" de Yogananda sous forme de reconstitutions "historiques" (entre fiction et documentaire, choix périlleux du reste, qui confère à certaines scènes une dimension quelque peu kitsch) accompagnées d’une musique envoûtante... Même si l'on ne s'égare jamais dans des divagations psychédéliques, il faut faire l'effort d’adhérer au postulat de départ, à une certaine conception de la vie et de la conscience de soi : en sommes-nous capable dans notre société ? À cette question, le documentaire répond clairement par la positive, arguant que l'Autobiographie d’un yogi - présentée comme le grand oeuvre de Yogananda - tient lieu de ligne directrice aux plus fervents de ses lecteurs. Pour nous en convaincre, certaines figures célèbres sont ici convoquées : on apprend ainsi que Steve Jobs ou encore George Harrison en avaient fait leur livre de chevet... Alors, pourquoi pas nous ? On sent donc, au-delà du simple portrait, l’envie, de la part des auteurs, de faire de nouveaux adeptes et de se poser en héritiers de Yogananda, qui a voué son existence à la diffusion du yoga. La voix off, qui nous accompagne tout du long, apparaît ainsi comme celle du gourou dans les différentes étapes de son parcours, depuis son enfance jusqu'à son élévation vers une certaine conception de la vie. Tenant lieu de fil conducteur, elle nous rappelle également que tout part de ses écrits : tel un prophète, Yogananda a toujours revendiqué la nécessité d’écrire, de témoigner et de diffuser sa pensée. Il était à la fois de toutes les religions et d’aucune, vénérait les divinités indiennes autant qu’il respectait Jésus : ce grand brassage pourrait donner le tournis, il fait pourtant sens lorsque l'on nous donne à entendre la voix qui le portait. On comprend dès lors l’effet d'envoûtement produit sur tant de personnes... Hélas, c'est également dans cette dimension prosélyte, un peu trop voyante à vrai dire, que le documentaire menace de provoquer l'agacement. Car il s'agit, de toute évidence, de nous donner de Yogananda l'image d'une sorte de "messie du yoga"... Dommage, car cela risque d'en dissuader plus d'un de se pencher sérieusement sur un mouvement spirituel pourtant riche en réflexions intéressantes.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
Réalisateur