Volta à terra (2014) João Pedro Plácido

Volta à terra

Pays de productionPortugal ; France ; Suisse
Sortie en France30 mars 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée78 mn
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Générique technique

RéalisateurJoão Pedro Plácido
ScénaristeLaurence Ferreira Barbosa
ScénaristeJoão Pedro Plácido
Société de production O Som e a Fúria (Lisboa)
Société de production Close Up Films (Genève)
Société de production Les Films de l'Air (Paris)
ProducteurLuís Urbano
ProducteurSandro Aguilar
CoproducteurJoëlle Bertossa
CoproducteurNora Philippe
Distributeur d'origine UFO Distribution (Paris)
Directeur de la photographieJoão Pedro Plácido
MixeurDenis Séchaud
MonteurPedro Marques

générique artistique

Daniel Xavier Pereira
Antonio Guimarães
Daniela Barroso

Bibliographie

Synopsis

Un premier constat, d’ordre général, s’impose : il aura fallu attendre que la paysannerie soit menacée dans son essence même, et que soit compromis son avenir, pour que le cinéma documentaire s’emploie à la regarder enfin, à prendre acte des mutations considérables auxquelles elle doit incessamment faire face, Biquefarre et Farrebique de Georges Ruquier n’en étant que de lointains contre-exemples. Peut-être est-ce son étroit rapport au temps qui pousse le cinéma à rendre compte de mondes en voie d’extinction, à enregistrer des pans entiers du réel avant qu’ils ne soient tout à fait révolus ou disparus. À moins que le documentaire, tout documentaire qu’il est, ne soit lui aussi tenu d’en passer par des enjeux dramatiques, des noeuds émotionnels. De nos jours, la situation a bien changé cependant et nombreux sont les films qui désormais en témoignent, de Profils paysans à Combalimon en passant par Les Chèvres de ma mère. En particulier à travers la question sinon cruelle, cruciale, de la transmission, d’un patrimoine, d’un savoir-faire, parfois très ancien, d’une vie, autrefois toute tracée et devenue aujourd’hui rien moins qu’incertaine. C’est le cas de Volta a terra, présenté en 2015 dans le cadre de l’ACID à Cannes, dont le périmètre se superpose à celui d’un petit village montagnard du nord du Portugal, Uz, localité que l’exode rural a réduit aux proportions d’un hameau, où perdurent, vaille que vaille, un mode de vie séculaire, des traditions folkloriques, une manière de faire rétive à la modernisation de l’élevage. Ici, les bêtes sont tondues au ciseau, la fenaison se fait encore à la faux. Dans ce documentaire poétique semblable à un Polaroïd, deux portraits aux pastels apparaissent, dont la netteté se renforce peu à peu. Celui du vieil Antonio d’un côté, corps sec et mains noueuses, une mémoire des lieux, de cette façon d’exister quasiment oubliée de tous, qui sait comment doivent être et se faire les choses. Et de l’autre, le jeune Daniel qui, à peine sorti de l’adolescence, s’apprête à épouser cette vie non sans l’aimer profondément ni s’inquiéter quand même de l’amour, c’est-à-dire de sa vie amoureuse, avant d’être emporté à nouveau par l’appel des tâches à accomplir, des animaux qu’il faut nourrir ou dont il faut prendre soin, des nécessités dictées par l’une ou l’autre des saisons. En 78 minutes à peine, João Pedro Plácido dépeint, sans nostalgie ni mélancolie, un monde peut-être finissant mais toujours opiniâtre comme il le ferait d’une plante vivace. Il en résulte un film d’une infinie tendresse, une oeuvre chaleureuse et enjouée, dont les personnages, s’ils prêtent volontiers à sourire, nous semblent incroyablement proches, des frères humains partis tout simplement dans d’autres directions que les nôtres. Magnifiquement cadré et composé, mais sans ostentation, photographié en éclairage naturel, Volta a terra n’est pas sans parenté avec Ce cher mois d’août de Miguel Gomes, dont on a parfois l’impression de reconnaître la lumière, les inflexions, la couleur d’un ciel de traîne, le silence, le temps d’advenir laissé aux paroles, à des gestes répétés depuis toujours. Toutes choses qui d’ores et déjà en font une manière de petit chef-d’oeuvre.
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