Synopsis
En 2007, deux ans après les ravages causés par l’ouragan Katrina, la série criminelle d’investigation 48 Hours se penche sur le meurtre du directeur de la fanfare d’un lycée de La Nouvelle-Orléans, âgé de seulement 25 ans. Richard Barber, le monteur de l’épisode, présent sur le tournage, découvre l’univers des "marching bands" et comprend très vite que ces ensembles sont, pour leurs membres, plus que de simples fanfares. Coréalisé avec le photojournaliste et réalisateur Andre Lambertson, The Whole Gritty City suit, de 2007 à 2010, les fanfares de trois lycées de La Nouvelle-Orléans, situés dans les quartiers les plus défavorisés et violents de la ville : O. Perry Walker High School, L.E. Rabouin High School et The Roots of Music. Des répétitions jusqu’à leur aboutissement, la grande parade de Mardi-Gras, véritable institution de la ville du jazz, la caméra de Barber et Lambertson capte les efforts et l’implication des élèves qui travaillent sans relâche pour l’ultime récompense. Au fil des scènes, certains se distinguent, comme Bear, petit prodige de la trompette dont le frère a été assassiné à l’âge de 19 ans, mais aussi Skully, jeune batteur de 18 ans qui reprend le rôle prestigieux de tambour-major après le décès de son prédécesseur. La mort est omniprésente dans les témoignages de ces jeunes. Katrina a fait son oeuvre : la violence, déjà présente avant la tragédie, a explosé, attisée par la précarité d’une population laissée seule à son désespoir, et se manifeste jusque dans l’hostilité que se témoignent les fanfares rivales, sans autre motif que d’être concurrentes. La "Gritty City", c’est cette ville dure, qui ne fait pas de cadeau mais qui a aussi du cran, autant que ce directeur de fanfare, Wilbert Rawlins Jr. - devenu depuis directeur général de toutes les fanfares de la ville -, persuadé que l’orchestre peut être, pour certains, une planche de salut, et que la musique, en plus d’adoucir les moeurs, peut leur permettre de se construire un meilleur futur. Mais il faut du courage et beaucoup de ressources pour soustraire ces jeunes aux dangers de la rue, et l’investissement absolu des directeurs n’est pas toujours suffisant. Comme ce jeune exclu d’une fanfare pour s’être battu, qui travaille pour essayer de s’en sortir mais confie être tenté de traîner dehors avec ses amis, ou Brandon Franklin, jeune protégé de Rawlins Jr., assassiné dans un règlement de comptes alors que celui-ci venait de le prendre comme assistant. À ce titre, The Whole Gritty City n’édulcore jamais les difficultés rencontrées, mais sans sombrer dans le misérabilisme. Bien au contraire, l’énergie déployée par ces jeunes et leurs encadrants, à laquelle répondent les musiques entraînantes des fanfares, fait de The Whole Gritty City un documentaire lumineux, qui réussit le tour de force d’ouvrir les consciences sans tomber dans la dénonciation frontale. Plutôt que de pointer ouvertement du doigt l’abandon d’une partie de la population de La Nouvelle-Orléans par le gouvernement américain après Katrina, le documentaire de Barber et Lambertson montre comment cette même population tente de reprendre le contrôle par elle-même et avant tout grâce à sa jeunesse.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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