Mr. Gaga (2015) Tomer Heymann

Mr. Gaga, sur les pas d'Ohad Naharin

Pays de productionIsraël
Sortie en France01 juin 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée103 mn
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Générique technique

RéalisateurTomer Heymann
Société de production Heymann Brothers Films (Tel-Aviv)
ProducteurBarak Heymann
Producteur exécutifDiana Holtzberg
Distributeur d'origine Sophie Dulac Distribution (Paris)
Directeur de la photographieItai Raziel
Ingénieur du sonAlex Claude
Compositeur de la musique originaleIshai Adar
MonteurAlon Greenberg
MonteurIdo Mochrik
MonteurRon Omer

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Mr. Gaga s’ouvre sur une séquence éloquente à de nombreux égards. On y voit le chorégraphe israélien Ohad Naharin, chef de la compagnie Botsheva et objet de ce passionnant documentaire de Tomer Heymann, sur une scène, en répétition avec des danseurs dont il assure la formation. On voit l’une de ses élèves exécuter une suite de mouvements, puis, dans une sorte de transe, s’effondrer, comme prise de spasmes. Cette chute ne suscite qu’un commentaire détaché de son professeur, qui lui demande de recommencer et d’apprendre à lâcher prise. La jeune apprentie s’exécute, se relève et reproduit une crise de tétanie. Ce qu’il essaie de lui enseigner, à travers un exercice visuellement sidérant porte un nom : le "gaga". Cette technique, mise au point par le danseur dans les années 1980, a depuis fait florès et a fortement contribué à sa renommée dans le microcosme de la danse contemporaine. De cet électron libre, aujourd’hui âgé de 64 ans, qui revendique son iconoclasme dans un petit monde qui fonctionne en vase clos, Tomer Heymann dresse un portrait fascinant. On apprend notamment que sa vocation de danseur est née grâce à son frère cadet handicapé, qui n’accordait d’attention qu’aux gesticulations de son aîné. C’est ce qui a permis au jeune Ohad de comprendre l’importance de la communication métalinguistique dont le corps humain est le véhicule et la danse le déclencheur. L’actrice américaine Natalie Portman, qui a suivi ses cours lors d’un long séjour en Israël, en parle mieux que personne : "Le langage corporel permet d’exprimer toute sa personnalité." Si le spectateur perçoit cet enjeu, capital pour comprendre la danse contemporaine, et a fortiori l’univers d’Ohad Naharin, c’est grâce au talent de Tomer Heymann, qui manifeste un élégant sens du montage. Ayant à sa disposition un nombre considérable d’archives du chorégraphe, le réalisateur déroule son récit en utilisant la voix off d’Ohad Naharin comme fil conducteur. Ce dernier raconte son parcours, son enfance, ses étés au kibboutz, sa formation, la perte d’un être cher... Sans craindre d’exposer ses fragilités. On ne peut alors qu’être touché par l’humanité que le chorégraphe dévoile sans chichis. Mr. Gaga évite habilement l’hagiographie verbeuse en accordant une large place aux extraits des spectacles conçus par Ohad Naharin. Et là où le personnage se montre le plus intéressant, c’est lorsqu’il aborde la dimension politique de sa conception de la danse contemporaine. Loin d’être nébuleuse ou élitiste, sa vision est au contraire fortement ancrée dans le réel, généreuse et surtout accessible. "Je ne me rappelle pas d’un seul moment dans ma vie où je ne danse pas (...). Je danse tous les jours et je veux que tout le monde fasse de même", dit-il. Pas étonnant, donc, qu’en 1998, il ait fait monter sur scène un trentenaire obèse, qui se livra à une performance surprise, suscitant d’abord les rires, puis l’admiration du public, frappé par l’évidence de son talent et de son plaisir. Ohad Naharin n’est pas un vain provocateur : c’est un danseur accompli, un casseur de codes. Bref, un artiste total.
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