Exotica, erotica, etc. (2015) Evangelia Kranioti

Pays de productionFrance
Sortie en France24 août 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée73 mn
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Générique technique

RéalisateurEvangelia Kranioti
ScénaristeEvangelia Kranioti
Société de production Aurora Films (Paris)
ProducteurCharlotte Vincent
Distributeur d'origine A3 Distribution
Directeur de la photographieEvangelia Kranioti
MixeurJérôme Gonthier
Compositeur de la musique originaleÉric Neveux
MonteurYorgos Lamprinos

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

?Evangelia Kranioti est plasticienne : si on ne le sait pas, on peut le deviner très tôt. Car ce qu’elle semble chercher avant tout, plus que la mise en son et en scène des "récits" qu’elle fait s’entrecroiser dans son film, c’est la puissance graphique et colorimétrique de l’image, le choc des mesures et les contrastes. La sensation et la vibration. Ainsi, entre et sur l’enregistrement des témoignages poético-méditatifs de ses personnages principaux - Sandy, une prostituée chilienne, et Yorgos, un capitaine grec, tous deux retirés "du métier" - et sur la musique, tissée de sonorités sous-marines, d’Éric Neveux, elle installe des images qui forcent l’attention et crée une manière de sidération par la puissance de leur composition et l’insolite qui s’en dégage. À l’ampleur de ces plans fascinants, mettant aux prises l’homme tout petit et le gigantisme des cargos sur lesquels il est embarqué, s’agrège un contrepoint intime et diffracté à la fois, comme un aller-retour du singulier au multiple, qui déconcerte et interdit à ces voix singulières de se frayer un chemin jusqu’à l’émotion du spectateur. La collision des plans n’est pas mal accordée mais ils sont trop nombreux sans doute à jouer les flibustiers dans un ensemble qui manque d’unité et d’une hiérarchisation de l’image et du son : le film est comme piraté par une volonté latente de vouloir donner à voir tous azimuts. Tout commence dans une forme de décontextualisation que la suite du documentaire viendra rapporter par intermittences à la trivialité du réel - à force d’images brutes, de portraits nus et sans fard, ou trop fardés. Dans le noir, la proue d’un vaisseau seule s’éclaire, comme pour se soumettre aux caresses brutales de la mer. Ce choix du cadre et les jeux de lumière forcent l’abstraction et on ne sait d’abord pas très bien ce que l’on voit ni dans quel espace-temps on se trouve : s’agit-il d’un navire monumental fendant les eaux ou bien d’un vaisseau spatial évoluant sur les eaux agitées d’un nouveau Solaris ? Dès cette image inaugurale, on est immergé dans un entre-deux mondes et invité au voyage entre deux pôles très identifiés, le masculin et le féminin, réunis pour un temps qui aussitôt s’enfuit. C’est cet espace incertain que le film explore, auquel il rend visite, cette relation entre les êtres que l’on peine à identifier et qui tient autant de l’amour passionné que du sexe tarifé, du mythe que de la réalité. Les figures que l’on rencontre lors de ce voyage ne cherchent pas à nous séduire, elles sont là pour dire la beauté et le sordide, l’attraction et le manque, la volupté et la brutalité, l’attente et la nostalgie... Ces personnages qui endossent malgré eux une robe archétypale, celle de héros tragiques, n’en sont pas moins ancrés dans une réalité qu’il est rare d’approcher de si près. Il aura fallu des années et de nombreuses traversées à la réalisatrice d’Exotica, erotica, etc. pour rapporter ces images et ces récits de vie. Elle a le projet d’en faire un triptyque, dont ce film serait le premier volet (à suivre, un livre et une installation). C’est peut-être l’intégrité qui manque encore à cette odyssée.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
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