La Mécanique des flux (2015) Nathalie Loubeyre

Pays de productionFrance
Sortie en France31 août 2016
Procédé image35 mm - Couleur
Durée83 mn
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Générique technique

RéalisateurNathalie Loubeyre
Société de production Pays des miroirs Productions (Caen)
Société de production Tell Me Films
ProducteurEric Jarno
ProducteurLaurent Alary
Distributeur d'origine Juste Distribution (Paris)
Directeur de la photographieJoël Labat
Ingénieur du sonNathalie Loubeyre
MixeurGuillaume Valeix
Compositeur de la musique originaleGaspard Claus
MonteurNathalie Loubeyre

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

En 2003, la Croatie entrait dans la communauté européenne. Ses frontières extérieures sont devenues celles de l’espace européen, espace convoité aujourd’hui par les populations exilées. À l’aide de caméras thermiques, les douaniers croates surveillent l’arrivée des migrants. Ceux qui sont interceptés sont incarcérés dans des conditions indécentes. L’un d’entre eux raconte les interminables voyages dans des camions bâchés, sous une chaleur torride, sans eau. Les habitants refusant que leurs cimetières soient occupés par ceux qui n’ont pas survécu au froid, ou se sont noyés pendant la traversée du fleuve frontalier, leurs cadavres sont enfouis dans une fosse commune. Les multiples dangers qui ponctuent le voyage ne découragent pas les migrants qui affirment n’avoir pas le choix entre une mort probable et une mort certaine. Le risque mortel est réel, en effet, lorsqu’ils tentent de se glisser sous d’énormes camions à l’arrêt. Au sud du continent, l’accès vers la terre promise se fait par voie maritime. Dans des conditions inhumaines, des embarcations fragiles surpeuplées essaient de rallier la Grèce, ou l’Italie. Si le bateau reste à flot jusqu’aux rivages grecs, les migrants se heurteront aux gardes-côtes prêts à couler leur embarcation. Les survivants ont une vision claire de la façon dont les Européens appréhendent leur venue sur le sol communautaire. Ils constatent que s’ils doivent fuir leur pays d’origine, c’est aussi à cause de la situation intenable créée par des puissances occidentales. C’est avec les moyens du cinéma que Nathalie Loubeyre nous sensibilise à la tragédie migratoire. Elle prend le temps d’écouter ceux qui, d’une voix digne, racontent les horreurs traversées pour se retrouver finalement parqués dans un centre de rétention. La séquence la plus frappante est sans doute celle où, dans un brouillard électronique généré par les caméras thermiques, nous apercevons, au milieu d’un paysage enneigé, des processions d’intrus trahis par la chaleur émanant de leurs corps. Comment ne pas penser, devant cette quasi échographie d’une intrusion dans l’organisme européen, que ces populations sont considérées comme telles, de simples silhouettes scrutées par les moniteurs de surveillance frontalière, par les instances politiques ? En réponse à cette mise à distance étatique, la documentariste s’introduit auprès d’eux, les rejoint dans l’obscurité et recueille leur parole. Pas de questions, ni de commentaire. Une simple attention portée à des récits souvent pathétiques, à des objets porteurs d’histoires. Quelques plans fixes offrent la possibilité à ces familles déracinées de fixer de leur regard l’hôte européen. Il existe beaucoup d’autres documents relatant cette tragédie contemporaine. Certains privilégient l’immédiateté du reportage, ou le recul de la fiction. Ici, par la rigueur de l’approche, l’éthique du regard, ce documentaire est aussi un bel objet cinématographique, apte - qui sait ? - à réveiller les consciences assoupies ou rétives.
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