Synopsis
Olmo et la mouette s’apparente au produit d’une expérience de laboratoire - le Docs Lab du Festival de cinéma documentaire de Copenhague en l’occurrence - au cours de laquelle ont été artificiellement mis en contact différents éléments hétérogènes - une réalisatrice brésilienne (Petra Costa) et l’autre danoise (Lea Glob), un producteur américain (Tim Robbins), des comédiens de théâtre (Olivia Corsini, Serge Nicolaï, Philippe Duquesne...), de la lumière, une caméra - de manière à produire une réaction chimique, dans l’espoir qu’il adviendra quelque chose, qu’une histoire passera bien par là. À chercher des histoires on finit toujours par en trouver ! C’est tout naturellement par conséquent qu’il s’agit d’une histoire de gestation. Alors qu’une troupe de comédiens répète La Mouette de Tchekhov, Olivia, l’une des actrices, découvre qu’elle attend un enfant. Tandis qu’elle partage sa joie avec Serge, son compagnon et partenaire de plateau, elle lui demande instamment de ne pas en parler au reste de la troupe. Au cours d’un repas collectif, le metteur en scène annonce à la compagnie qu’une avant-première, suivie d’une importante tournée à l’étranger, aura lieu à New York d’ici cinq mois. Malgré sa décision de ne pas en informer ses camarades de jeu, Olivia se voit contrainte de leur révéler son nouvel état, soudain problématique. Très vite, sa place dans le spectacle est remise en cause et sujette à discussion. Après s’en être vivement émue, et insurgée, Olivia est victime d’une hémorragie suite à laquelle le médecin des urgences l’exhorte à cesser toute activité, la vie de l’enfant en dépendant. Consignée à domicile, en proie au doute, celle-ci, qui n’aspire qu’à travailler, se sent désoeuvrée et mise à l’écart. Quand la voix de Petra Costa, l’une des deux réalisatrices, se met à interroger, en off, Olivia sur la suite à donner à cette histoire naissante, qui déjà semble prendre fin, sur ses attentes, ses inquiétudes, la fiction en trompe-l’oeil dans laquelle nous nous pensions embarqués bascule dans un documentaire plutôt analytique où sont tour à tour évoqués la place de la femme dans le monde du travail, ce que peut en coûter une grossesse difficile, les relations très subtiles qui peuvent exister entre le théâtre et le réel qu’il s’est donné pour mission de représenter, entre un acteur et le rôle qu’il a charge d’incarner, entre ce que vit Olivia et le personnage d’Arkadina, l’incandescence et la complexité de désirs peut-être contradictoires, la peur d’Olivia de perdre et l’enfant et sa place d’artiste en plein essor, la circulation du masculin et du féminin d’un corps à l’autre des futurs parents... Intimiste, cru parfois, sans crainte de se montrer intrusif, Olmo et la mouette s’appuie sur un montage inspiré de scènes et de dialogues en partie fondés sur des improvisations, où alternent les séquences d’introspection dans l’appartement du couple - véritable cocon d’inquiétude et de questionnement, d’arguties fébriles et de chamailleries - et les scènes de répétition de la pièce à proprement parler et d’analyse des personnages. Ce faisant, il démontre non sans brio ni constance que si le monde est un théâtre, le cinéma c’est la vie !
© LES FICHES DU CINEMA 2016