Synopsis
Il y a des sujets qui ne se prêtent pas à l’ironie ou au cynisme, et des gens qui forcent le respect. Ainsi Christian & Marie-France des Pallières, Français globe-trotteurs qui, la retraite venue, dans les années 1990, se sont installés au Cambodge pour aider une association locale. Sur place, ils découvrent la misère dans laquelle sont plongés des milliers d’enfants qui travaillent en haillons dans la décharge pour récupérer de quoi manger et quelques déchets à recycler. De fil en aiguille, Christian et Marie-France, Papy et Mamie, créeront leur propre association, Pour un sourire d’enfant (PSE), qui va venir en aide aux petits chiffonniers de Phnom Penh. Le couple n’en est pas arrivé là complètement par hasard. Lorsque leurs enfants étaient encore petits, cette drôle de famille a tout abandonné pour s’acheter un camping-car, parcourir le monde et chanter en se présentant comme la famille von Trapp française. Christian a filmé ces voyages dans lesquels on voit les jeunes des Pallières s’amuser avec les enfants de tous les pays. On s’étonne dès lors moins de ce que, des années plus tard, le couple ait accepté de tout plaquer à nouveau pour déménager au Cambodge. Aujourd’hui, afin de financer le centre de Phnom Penh, les deux caristes parcourent régulièrement la France en quête de généreux donateurs, souvent accompagnés par des enfants de l’association. Le documentaire de Xavier de Lauzanne est d’abord une commande, un produit qui doit servir à expliquer ce que fait PSE et encourager les dons. Le réalisateur a aussi pu compter sur l’aide des étudiants en cinéma du centre PSE - l’une des nombreuses formations proposées -, qui racontent donc leur propre histoire. Le résultat est certainement au-delà des espérances des des Pallières : Les Pépites est édifiant. Il montre la ténacité du couple, qui a d’abord distribué des repas, puis construit une paillote pour accueillir les petits, avant de bâtir une école, des dortoirs, d’imaginer ensuite des formations pour les jeunes et les parents, permettant de sauver près de 10 000 enfants. Une publicité implacable parce que le film peut s’appuyer sur de nombreuses images d’archives, qui montrent le quotidien révoltant des enfants de la décharge dans les années 1990 et 2000, puis ce qu’ils sont devenus. Comment ne pas être ému par le destin de Leakhena, exploitée, battue par sa mère biologique, adoptée ensuite par Papy et Mamie, et qui a fait sien le combat quotidien des des Pallières ? Les images la montrent à 12 ans, accompagnant Christian sur la décharge pour lui servir d’interprète. Puis aujourd’hui, dans sa maison, avec ses enfants adoptifs. Comme elle, ils sont des milliers à avoir été placés en esclavage par leurs parents, vendus, abusés, violés, puis sauvés par l’amour inconditionnel du couple de Français qui leur a donné le courage de se battre et de persévérer pour construire le projet gigantesque du centre PSE à Phnom Penh. Comme Leakhena, ils sont plusieurs à témoigner (dans les années 1990 puis vingt ans plus tard), dans ce film gorgé d’amour, de bienveillance et d’espoir.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
Réalisateur