Synopsis
Après Sacrée croissance ! puis, en 2015, Sacré village !, la journaliste Marie-Monique Robin poursuit dans sa thématique "écolo" et donne la parole aux habitants d’Ungersheim. En décidant de réduire son empreinte écologique, cette petite commune française de 2200 habitants, de toute évidence préoccupée par les questions environnementales, a lancé en 2009 un programme de démocratie participative baptisé "21 actions pour le XXIe siècle". Cette démarche concerne tous les aspects de la vie quotidienne - ainsi, à l’initiative de la municipalité, un solide cheval de trait, Richelieu, assure, non seulement les travaux agricoles, mais aussi les transports scolaires. L’argent est un autre des facteurs-clés de cette transition, puisqu'il s'agit de stimuler l'économie réelle par la création d'une monnaie locale complémentaire (le Radis), sur laquelle les commerçants pratiquent des réductions, afin d'inciter les habitants à l'utiliser. Pour prétendre à l'autonomie alimentaire, les élus ont par ailleurs créé une ferme maraichère bio - sous l'appellation des Jardins du Trèfle Rouge - ainsi qu'une régie agricole, dirigée par un ex-vétérinaire écoeuré par la "médecine business" et reconverti, pour des questions d’éthique, à l’agriculture vivrière. Toutes ces petites actions sont au service d’un immense objectif : réduire la dépendance au pétrole et promouvoir le développement des énergies renouvelables. Par conséquent, une grande majorité des citoyens d’Ungersheim est entièrement autonome... Mais leur approche de la vie et du quotidien est si différente de la nôtre, sans doute davantage sous-tendue par une forme d’individualisme, qu’un laps de temps est nécessaire avant d’estimer plausible cette alternative. Vivre ainsi que vivaient, il y a de cela quelques décennies, certains de nos aïeux, semble, au début du film, relever de la vaste plaisanterie utopiste ; cela devient pourtant, peu à peu, un argument des plus convaincants. Car toute la dynamique du documentaire de Marie-Monique Robin consiste, à travers des témoignages, mais sans ajout de commentaires en voix off, à nous dissuader de poursuivre le cours ordinaire et consumériste de nos vies. La réalisatrice s’efface, soucieuse de laisser toute la place aux acteurs du changement. C’est d’ailleurs de là que viennent la force et la richesse du film, composant, en toute discrétion mais avec une réelle assurance, une fresque épique sur le bonheur et le lien social. En ces temps moroses, fatalistes et cafardeux, Qu’est-ce qu’on attend ? prend ainsi un sens tout particulier, portant un souffle plein d’humanité et d’espoir. Plus qu’un documentaire sur des expériences visant à générer une démarche de transition globale, il questionne la notion de bien-être, et constitue un bel hommage à une poignée d’élus locaux et à leur initiative, dans un contexte où plane plus généralement la hantise du réchauffement climatique.
© LES FICHES DU CINEMA 2016
Réalisateur