Synopsis
Ainsi que le suggère son titre percutant, ce documentaire allemand est animé par une volonté revendiquée de susciter le débat autour d’actions, envisageables et éprouvées çà et là, mais encore éminemment minoritaires, en matière de renouvellement énergétique. Son auteur, Carl A. Fechner - journaliste, producteur et désormais cinéaste - part d’une position assez simple et pourtant en contradiction avec le discours en vogue : l’énergie renouvelable pourrait prochainement remplacer toutes les autres formes d’énergie - néfastes, faut-il le rappeler, pour la planète -, et ceci de manière démocratique et durable, ainsi que pour un coût abordable. Ainsi, croire que, s’il n’y a pas de vent ou de soleil, l’énergie renouvelable est impossible, ferait partie des mythes entretenus par nos sociétés... Même si le message pourra sembler d’un optimisme un peu naïf, le propos n’en est pas moins, ici, étayé de propositions concrètes. Le documentaire s’attache à suivre les têtes pensantes de cette révolution annoncée : ingénieurs, chefs de projets, professeurs, responsables politiques, théoriciens : tous semblent convaincus que nous vivons une période de transition, et que le virage est à négocier au plus vite. Car, même si le film prend le parti d’être plutôt du côté de l’espoir, l’urgence de la situation est palpable dans chaque discours. À tel point que même si tous les acteurs concernés décidaient aujourd’hui de prendre le tournant des énergies 100 % renouvelables... il serait déjà trop tard. Car le documentaire n’est pas sans rappeler que la société a déjà largement entamé, pour ne pas dire épuisé, les ressources de la planète... Mais au lieu de se borner à produire une vision chaotique de la situation (comme le faisait le récent Trashed, qui, même s’il mettait en lumière un certain nombre d’innovations, pouvait avoir l’effet d’un coup de massue), Power to change s’inscrit dans la lignée du Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion, en partant du principe que le fait de donner à voir des actions concrètes, et de donner des gages d’espoir, sera plus utile que d’accabler le spectateur - il s’agit de fournir à ce dernier les outils nécessaires pour se sentir acteur de cette transition énergétique. Le message pourra parfois sembler un chouïa schématique (notamment lorsque le réalisateur met en accusation les lobbies concernés) ; pour autant, le film semble poser les bonnes questions quant à la dépendance énergétique, liée de toute évidence à bon nombre d’autres problématiques - la géopolitique internationale, le maintien de la paix... S’il pourra, de même, paraître souscrire par endroits à une forme d’utopie, il n’oublie pas pour autant de proposer des exemples concrets et saisissants, de nature à convaincre plus d’un spectateur de l’urgence d’une rébellion énergétique. « Chaque petite action peut faire changer les choses » : avec un tel discours, il serait certes aisé - et trompeur sans aucun doute - de voir le verre à moitié plein. Les plus sceptiques, quant à eux, se borneront probablement à dénoncer l’incompatibilité d’un tel plan avec la logique des puissances politiques et des intérêts industriels. Quoi qu’il en soit, ce documentaire ne devrait pas laisser indifférent.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
Réalisateur