Synopsis
Saint-Pons-de-Thomières, sa cathédrale, son rond-point, sa fête annuelle de la châtaigne et, en 2009, sa quiétude bouleversée par « l’élite de la police » - ainsi que la qualifieront les idiots utiles du JT de TF1 -, laquelle pense y avoir identifié, à l’issue d’une longue enquête qui aura mobilisé pas moins de 1000 fonctionnaires, les membres de la « cellule 34 ». Depuis janvier, celle-ci adresse à des responsables de l’UMP, notamment à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, des lettres de menaces accompagnées de balles de 9 mm. Pour « l’élite de la police » (on ne s’en lasse pas), le coupable et ses complices sont tout trouvés : Pierre Blondeau, tenancier d’un bureau de tabac, La Cigale, qui écrit dans La Commune, un « feuillet prolétarien ». Autrefois détaché auprès d’une unité de la Légion étrangère, il n’est pas en odeur de sainteté auprès du maire et, facteur aggravant, est au coeur d’un petit groupe de militants qui, partisans d’un « communisme rural », dénoncent les décisions unilatérales des élus locaux, se mobilisant notamment contre la prolifération des éoliennes dans la région. Aussitôt les perquisitions se multiplient. Ouvrier et directeur d’école en retraite, plâtrier et dentiste en activité..., sont placés en garde à vue. La machine médiatique s’emballe, avec la hauteur de vue et le sens de la mesure qu’on lui connaît. Prévenu de l’arrivée des policiers, le boucher charge son fusil et ménage « un angle de tir intéressant pour sa femme », au cas où les choses tourneraient mal. À son insu, celle-ci a affiché, non loin de celles de La Marseillaise, les paroles de L’Internationale : pour « l’élite de la police », tout cela fait sens ! Mais, quelques jours plus tard, le corbeau se dénonce : Thierry Jérôme, 51 ans, handicapé, était en vérité le seul « membre » de la « cellule 34 »... Cofondateur de Zalea TV et compagnon de route de Daniel Mermet, avec lequel il cosigna plusieurs films, Olivier Azam signe ici une chronique ubuesque, laquelle ne prêterait qu’à rire si, au-delà de ce qu’elle montre avec le plus d’évidence - l’improbable fiasco d’une opération d’antiterrorisme -, elle ne mettait en lumière les conséquences de la théorisation par la DCRI - organisme créé en 2008, et qui avait alors orchestré la fusion de la DST et des RG - de « l’ultra-gauche » et les fantasmes que celle-ci a suscités jusque dans les rédactions - souvenons-nous de la Une déplorable que consacra Libération à « l’affaire Tarnac » (dont certains des protagonistes, compagnons d’infortune judiciaire, rendent ici à Blondeau et Cie une visite de courtoisie) : « L’Ultra-gauche déraille ». Anodin dans la forme, insistant lorsqu’il donne à l’affaire les atours d’une fable au nom tout trouvé - ou lorsqu’il fait de ses héros des Don Quichotte des temps modernes, substituant les éoliennes aux moulins à vent -, le film n’a de valeur autre qu’illustrative, mais au moins a-t-il l’élégance de se conclure sur un sympathique pied-de-nez - Pierre Blondeau adressant, deux ans après les faits, des courriers, bel et bien signés ceux-là, à tel « abruti de la FNSEA » ou encore à Manuel Valls, « pour lui dire que c’est un couillon ». Au spectateur, s’il le souhaite, de les contresigner.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
Réalisateur