Synopsis
Disciples de Christian Rouaud, le jardinier-cinéaste Batiste Combret et le sociologue-documentariste Bertrand Hagenmüller sont allés régulièrement filmer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes entre décembre 2012 et mai 2015, pendant une période relativement calme. Ils ont choisi le hameau du Limimbout parce que vivent là des gens assez différents : des locataires, dont un jeune couple travaillant à la ville et un autre, plus activiste (Christiane et Claude), ayant choisi de venir à la campagne pour éviter les sirènes de la société de consommation à crédit, un paysan autochtone timide (Bruno), un couple de paysans (Sylvie et Marcel) venus s’installer en 1999, un an avant la réactivation du projet d’aéroport - en sommeil depuis 1974, justement l’année de la création de la ZAD -, et enfin des squatteurs nouvellement installés pour lutter « contre l’aéroport et son monde ». Pendant l’opération César d’octobre-novembre 2012, un squat du Limimbout a été complètement détruit. Qu’à cela ne tienne, les occupants - qui viennent d’avoir un bébé - construisent une yourte où la laine des moutons de Sylvie sera filée au rouet. Ne cherchant pas à faire un documentaire militant, les cinéastes ne filment pas la présence policière de l’hiver 2012-2013, ils s’intéressent aux habitants et à ce qu’ils vivent. Ils sont présents quand on tue le cochon chez « P’tit Claude », franc gouailleur. Les luttes ne sont évoquées qu’en filigrane (opération « Sème-ta-ZAD », rassemblement festif de l’été 2014) et le film n’aborde donc pas les soubresauts plus récents de l’actualité - judiciaire, militante, institutionnelle, politique - vécue depuis l’hiver 2015-2016. Après Le Dernier continent (2015), Les Pieds sur terre est un film nécessaire pour appréhender de l’intérieur - et loin des clichés caricaturaux agités par les pouvoirs en place (zadistes « ultraviolents » pour Valls, « fous furieux » pour Fillon, et Retailleau comparant la ZAD à Mossoul !) - comment une utopie est en train de naître sur la ZAD, suscitant un espoir pour sortir de l’impasse où le système nous conduit, ou au contraire des peurs chez ceux qui sont satisfaits dudit système. Déstabilisée, la jeune locataire « neutre » est fascinée par la vie des zadistes mais « n’ose pas franchir le pas. C’est dommage ! », regrette-t-elle. En se concentrant sur Le Limimbout, le film n’analyse pas les contradictions du projet, des agriculteurs ou des zadistes, ni les luttes qui s’ensuivent, mais il montre avec empathie des gens débattre avec plus ou moins de complicité, construire ensemble leur avenir en se respectant. Cette « décence commune » leur permet de faire coexister différentes manières de vivre, de travailler et de se divertir. C’est là le message le plus important : les êtres humains peuvent vivre ensemble, différemment. Mais Sylvie sait qu’après l’abandon du projet, il faudra se battre pour permettre aux jeunes de pouvoir continuer à vivre ici et ne pas voir revenir ceux qui ont touché l’argent de Vinci. Claude, lui, imagine chez lui une auberge qui serait gérée « avec d’autres lois ». Un an après le tournage, « l’Auberge des Culs de plomb » voyait en effet le jour...
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Réalisateur