Paul Sharits (2014) François Miron

Paul Sharits

Pays de productionCanada
Sortie en France17 mai 2017
Procédé image35 mm - Couleur
Durée85 mn
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Générique technique

RéalisateurFrançois Miron
ScénaristeFrançois Miron
Société de production Filmgrafix Productions (Montréal)
ProducteurFrançois Miron
Directeur de productionJean-François Martin
Distributeur d'origine Zootrope Films (Paris)
Directeur de la photographieFrançois Miron
Ingénieur du sonSerge Boivin
Compositeur de la musique originaleFélix-Antoine Morin
MonteurYannick Carrier

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

« Destroy »: cet unique mot, projeté en boucle et tenant lieu de bande sonore au film T,O,U,C,H,I,N,G, de Paul Sharits, évoque quasiment le contraire de ce en quoi consiste le geste documentaire du cinéaste expérimental franco-canadien François Miron : face à l’(auto)destruction, le geste de redécouverte, de reconnexion à une oeuvre essentielle mais méconnue. Paul Sharits est un des cinéastes américains expérimentaux les plus importants, qui a travaillé entre autres sur des films « flickers », fondés sur des clignotements, et sur des juxtapositions de couleurs ou de mots que le spectateur anime lui-même pour créer de nouvelles images. Film didactique, Paul Sharits n’en est pas moins un film savant, adressé à un public doublement averti, capable d’affronter les réalisations de Sharits (même si les extraits sont courts, épileptiques s’abstenir), mais aussi la science, parfois étouffante, parfois absconse, des intervenants. Et c’est là que se joue la douce ironie d’une telle entreprise, où deux lignes de fuite s’entrecroisent : la complexité de l’oeuvre de Sharits se fait de plus en plus claire au fil du documentaire, tandis que la volonté herméneutique parfois trop poussée de ce dernier le fait basculer dans un cours magistral, certes très intéressant, mais réservé à qui connaît déjà le cinéma et l’histoire de l’art. Douce ironie, car c’est là ce que le film entreprend de plus beau, cet effacement face à l’ampleur de l’oeuvre de Sharits, dont les intervenants ne peuvent qu’altérer verbalement la puissance évocatrice incroyable. Piégeant le cinéma à la façon dont l’aiguille fige le papillon (en témoignent les photogrammes gelés de son oeuvre), Sharits pense le film comme une suite d’images juxtaposées les unes aux autres, où la décomposition des mouvements (Duchamp et les travaux de Muybridge sont cités) fait apparaître de nouvelles visions structuralistes (voir son travail passionnant sur les partitions pointillistes de Chopin, qui deviennent, une fois reliées et coloriées, une représentation physique de la musique). Paul Sharits est-il alors seulement l’hagiographie d’un artiste total érigé au rang de précurseur ? Par bonheur, non, le film restant à bonne distance du sensationnalisme intertextuel, tout en adoptant un pertinent travail où la réussite va croissant jusqu’à un climax artistique (les superbes expositions de photogrammes « frozen »), et ne pourra qu’aller en déclinant (alcool, drogues, démission de l’université, travail pictural considéré comme de « la merde de sous-école d’art »). Le travail de François Miron est admirable, et son documentaire parvient, sur le plan formel, à épouser la richesse des informations délivrées : les riches archives, les recherches visuelles, les petits clignotements parfois anxiogènes témoignent d’une volonté scrupuleuse de respecter les oeuvres qu’il expose et explique. Document exigeant mais jouissif, Paul Sharits est une porte d’entrée vers la grande jungle de l’avant-garde cinématographique.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
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