Synopsis
Le Dream Boat, c’est une croisière qui a lieu une fois par an et sur laquelle des centaines d’homosexuels se retrouvent pour faire la fête, participer à différentes activités (ça et là un terrain de tennis, un mur d’escalade), bronzer au bord de la piscine ou encore, pour les plus esseulés, faire des nouvelles rencontres. Une véritable Croisière s’amuse 100 % gay, sans tabou ni règle. Face à cette pléiade de corps bodybuildés et suintant la crème solaire, le cinéaste a choisi une poignée de personnes à qui il va donner la parole. Dans certains cas, une parole libérée doublé d’un affranchissement des interdits, que le cinéaste recueille avec une certaine pudeur et une véritable sincérité. En effet, pour ces hommes originaires d’un pays où l’homosexualité est rarement tolérée, que ce soit par l’État, la religion ou plus généralement leur famille (la Palestine ou l’Inde, pour ne citer que ces quelques exemples), cette croisière est l’occasion de s’affirmer tel qu’ils sont vraiment, sans honte ni crainte. Le film dresse alors quelques portraits touchants, dont celui de Dipankar, un Indien jovial qui traîne sa gouaille et sa bonhomie malgré sa difficulté à trouver sa place sur la croisière. Au fur et à mesure, le film s’intéresse également à une multitude de blessures intérieures qu’il capte le plus généralement en voix off et plaque ensuite sur des scènes de danse nocturne. Une succession de douleurs hasardeuses, que ce soit la solitude d’un homme ne se sentant pas aimé en tant que personne mais uniquement pour son physique, le sentiment de rejet ressenti par un autre car ne répondant pas aux critères physiques d’une communauté trop superficielle, ou encore la douleur d’un troisième devenu handicapé à la suite d’une méningite. On en finit alors par se demander quel est le vrai sujet du film, et s’il ne passe pas à côté de celui qui semblait le plus pertinent mais qu’il effleure gentiment, à savoir la violence d’un milieu ultra-communautaire régi par un certain nombre de codes. Visiblement, le cinéaste semble plus intéressé par les nombreux corps qu’il a en face de lui, qu’il capte dans toutes les positions possibles, de jour comme de nuit, vêtus de tous les déguisements imaginables, en passant par de nombreux gros plans d’un certain nombre de « paquets », sexes de toutes failles bien moulés dans leur maillot de bain. Un film qui devient, dans ses pires travers, démonstratif, trop répétitif, et qui semble s’adresser uniquement aux personnes qu’il filme, comme une vidéo de colonie de vacances d’été à visionner en famille à la rentrée des classes. Le tout dans un style clinquant et larmoyant, composé de nombreux ralentis douteux sur des hommes dénudés ou travestis, le plus souvent traversé par un rayon de soleil couchant, accompagné de quelques touches de piano à faire pleurer dans les chaumières. À plusieurs reprises également, le film saisit certains hommes qui libèrent leur tristesse à l’écran dans des sanglots à peine retenus tandis que d’autres se contentent de répéter, tel un mantra, qu’il faut profiter de la vie tant qu’on est vivant. Un manque de distance et une candeur assez confondants pour un film qui aurait sûrement mérité un peu plus d’objectivité.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
