Synopsis
En portant ici à l’écran sa propre bande dessinée, avec l’aide de son complice Patrick Imbert - tous deux sont par ailleurs les créateurs, avec Vincent Patar, d’Ernest et Célestine (2012) -, Benjamin Renner conserve son tracé si personnel, entre la ligne claire, assurant l’identification immédiate aux héros, et l’esquisse, permettant des libertés bienvenues dans le dessin des réactions des personnages. Il allège également ses dialogues et trouve des gags de situation particulièrement drolatiques. Tout y est enchanteur, sans jamais tomber dans le mièvre ou le puéril, au point de river les plus jeunes à l’écran. Les voix sont savoureuses, notamment celles des trois poussins. La bande-son, associant lignes mélodiques et sonorités burlesques, et les couleurs, lumineuses à souhait (hiver comme été), confèrent une belle harmonie à l’ensemble. Plus encore, avec une finesse et une clarté confondantes, le duo véhicule un message tout à fait enthousiasmant, entamant à bon escient un dialogue avec les plus jeunes spectateurs - lequel porte sur la responsabilité qu’a chacun envers l’image qu’il renvoie aux autres, la nécessité d’être dans sa vérité, par exemple d’assumer son rôle de poule auprès de poussins vous ayant pris pour leur mère, de transformer en mission humanitaire la livraison d’un bébé - quand ce n’est pas votre métier - ou de sauver Noël... voire l’absurdité de vouloir ressembler à un méchant loup quand on est un gentil renard. Cerise sur le gâteau, en fondant le théâtre dans le cinéma, les auteurs nous offrent une astucieuse mise en abyme, aux vertus quasi philosophiques !
© LES FICHES DU CINEMA 2017
