Synopsis
En 2006, Al Gore, vice-président des États-Unis sous les mandats de Bill Clinton et candidat malheureux face à George W. Bush en 2000, était la vedette d’Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim. L’homme politique s’y révélait un militant ardent de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous voici dix ans plus tard, avec Une suite qui dérange, signé Bonni Cohen et Jon Shenk. Le titre vient le souligner : en dix ans, peu de choses ont changé. Tourné essentiellement au cours de l’année 2015, alors que Gore prépare la COP21 à Paris, le tableau que dresse le documentaire est alarmiste : la planète continue de se réchauffer de façon délirante. La preuve ? Les tempêtes gagnent en force, les inondations qu’elles provoquent dans certaines régions - et les sécheresses dans d’autres - s’en trouvent exacerbées. Les populations, qu’elles soient riches ou pauvres, de pays économiquement établis ou en cours de développement, sont touchées. Le Groenland se réchauffe, les calottes glaciaires fondent à un rythme inquiétant, risquant de provoquer une montée drastique du niveau des océans... Tout cela, Al Gore l’évoque lors des conférences qu’il anime pour préparer les militants de son organisation : le Climate Reality Project. Ces séminaires ont un but précis : que les membres de l’organisation soient en mesure de débattre et de convaincre les réticents les plus extrêmes, ceux qui rejettent en bloc les données scientifiques. Alors, Gore tient un discours pédagogue, fondé sur des faits. Son but n’est pas de tirer la sonnette d’alarme comme un forcené, mais d’étudier les causes, les conséquences, et les solutions qui ont émergé depuis dix ans. Pour l’illustrer, les cinéastes le suivent lorsqu’il fait fi des clivages politiques aux États-Unis et part à la rencontre d’un maire texan, pro-Trump, qui a équipé sa ville en énergies renouvelables - tout simplement parce que c’était dans l’intérêt de ses administrés ! Lors de la COP21, face aux réticences des dirigeants indiens (dont la population nécessite une énergie bon marché, donc le très polluant charbon), il se bat pour trouver un arrangement en faveur du pays, en jouant de ses contacts dans les entreprises innovantes. Au point de contribuer à la signature de l’accord sur le climat en 2015. Les limites du film sont certainement de privilégier le fond à la forme, et d’idéaliser Al Gore et son combat. En le suivant dans les coulisses de la COP21, les réalisateurs veulent le montrer dans son intimité, mais échouent à dissiper l’aura symbolique de l’ex-candidat à la présidence. Pire, ils donnent par moments le sentiment que Gore cherche à se mettre en scène (lors de la nuit du 13 Novembre, en particulier) - ce que l’intervenant veut justement éviter en faisant toujours passer le message avant l’individu. Heureusement, l’ancien vice-président américain, par son savoir-faire médiatique, sa connaissance approfondie du sujet et son investissement de tous les instants, incarne littéralement la lutte contre le réchauffement climatique, à un moment crucial pour la planète... et où le président américain en exercice prétend ne pas considérer cette crise écologique, puisqu’elle n’existe pas à ses yeux.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
