Synopsis
C’est en voyant L’Homme qui parle avec les plantes, de Yvo Pérez Barreto, qu’Alexandre Lumbroso (derrière la caméra) et Jonathan Attias ont eu l’idée, dès janvier 2014, de semer des graines pour sauver la planète - et de réaliser en même temps un film sur leur démarche. En produisant leur web-série Jardiniers, levez-vous !, ils informent sur l’emprise de l’industrie semencière qui monopolise depuis un demi-siècle la propriété intellectuelle des graines et qui interdit aux agriculteurs d’échanger leurs semences (seuls les jardiniers amateurs en ont le droit). Devant ce scandale planétaire, ils se sont demandé comment agir en tant que citoyens pour résister aux multinationales. Ils ont pensé remuer l’opinion avec une pétition et ont enquêté du côté de Bloomassociation.org et Change.org. Ils ont découvert que les pétitions d’initiative citoyenne prévues par l’Union européenne sont antidémocratiques, le nombre de signataires étant impossible à obtenir. Ils essayent en même temps de contacter des élus pour peser sur l’écriture des lois. Olivier Faure, Cécile Cukiernan et Joël Labbé les reçoivent. C’est avec ce dernier, sénateur EELV, qu’ils vont poursuivre leur action. Sur MesOpinions.com, leur pétition #YesWeGraine pour préserver les semences traditionnelles, adressée à Stéphane Le Foll, est un succès : 107 000 signatures. Mais le ministre refuse de recevoir les kilos de listes de signataires. Chaperonnés par Cyril Lage, de Parlement & Citoyens, ils mettent en ligne une cyber-consultation citoyenne en vue d’écrire deux amendements qui seront portés par Joël Labbé lors du passage au Sénat de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. Ils présentent leur projet au festival de l’agriculture urbaine à Paris et lors de la COP 21 au Bourget, sans parvenir à parler avec Ségolène Royal. La juriste Blanche Magarinos-Rey leur explique comment l’Europe verrouille les lois nationales. Ils réalisent aussi que le règne des semences hybrides F1 détruit la biodiversité. Ils travaillent avec Jérôme Bignon, le sénateur rapporteur de la loi, mais ont du mal à le convaincre. En janvier 2016, les amendements sont déposés au Sénat. Joël Labbé est optimiste, mais le rapporteur considère que les amendements sont hors sujet, en l’absence du ministre de l’Agriculture. Contre toute attente, LR et EELV allant pour une fois dans le même sens, les amendements sont votés. Alexandre et Jonathan fêtent leur victoire par des selfies dans les couloirs du Sénat. Quelques mois plus tard, l’essentiel des amendements est retoqué à l’Assemblée nationale et la vente des semences non inscrites au catalogue officiel reste interdite. Tout ça pour ça ! Ce documentaire, très narcissique, exprime une naïveté totale en matière d’action politique, réduite ici à la recherche de la bonne conscience. Les deux compères révèlent, peut-être involontairement, l’hypocrisie de la démocratie participative chère à Ségolène Royal. Ce faisant, ils se sont bien amusés à se filmer, et cela entretient leur enthousiasme. Car ils ne se prennent pas au sérieux ! Aussi, il est difficile de les prendre au sérieux.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
