Synopsis
« Huit ans c’est long, mais c’est peu dans la vie d’un homme », souligne le documentariste Loïc Jourdain (L’Homme des îles, 2006). Pendant huit ans, ce dernier a filmé son voisin, John O’Brien, un pêcheur irlandais de l’île d’Inishboffin. Des côtes du Donegal aux couloirs du Parlement européen, Jourdain a capté pendant huit ans le combat de John, fédérant ONG, pêcheurs de toute l’Europe et simples citoyens, pour prouver qu’une autre Europe était possible. À l’origine du film : une rencontre sur un quai de port. D’un côté, Jourdain, cinéaste ayant déjà réalisé deux documentaires sur l’île de Tory - située à quelques kilomètres de celle d’Inishboffin -, et déjà considéré comme un « insulaire » aux yeux des locaux. De l’autre, John O’Brien, pêcheur humble mais déterminé à en découdre pour continuer à vivre comme avant. De voisins, ils sont devenus amis et John, ce personnage qui n’avait pas l’étoffe d’un héros, est rapidement devenu le sujet principal du film. Au début des années 2000, une nouvelle législation européenne interdit la pêche par filets suivant le courant. Premier coup dur pour les pêcheurs d’Inishboffin, cette pratique faisant partie de leurs traditions. Puis c’est la pêche au saumon qui leur est interdite. Puis celle du cabillaud. Et ainsi de suite, pour ne leur laisser guère d’autre choix pour survivre que de pratiquer la pêche intensive de crustacés. John décide de rejoindre un mouvement fédérant des pêcheurs insulaires d’Irlande, et même de France, dont il devient rapidement le président. Quand les ministères laissent leurs revendications lettre morte, l’étape suivante consiste à se rendre au Parlement européen. De 2012 à 2015, John va enchaîner les allers-retours à Bruxelles, comptant sur le soutien d’ONG et d’élus pour faire passer une loi prenant en compte la particularité des insulaires. Et il y parvient. À travers le regard sobre et bienveillant de la caméra de Jourdain, le spectateur découvre un propos universel pétri de patience et de clairvoyance, mais surtout un film généreux, intelligent et humble, à l’image de John O’Brien. Profondément humain, Des lois et des hommes constate, sans forcément les critiquer, les absurdités et les détours pouvant pervertir certaines législations européennes et que l’on applique de force à tous les types de population. Sur ces petites îles dénuées de tourisme, d’arbres ou d’industries, la pêche constitue la seule option pour gagner sa vie. Pourtant, on interdit à ces pêcheurs aux petits bateaux (de 3 à 10 mètres) la pêche sur leurs côtes alors que des navires-usines chalutent à 30 milles de là. Que faire quand on est victime d’un système politique national ou européen inadapté à notre situation ? Comment un simple citoyen peut-il tenter de changer les choses et d’enrayer un processus qui est en train de le broyer ? Des lois et des hommes répond à ces questions avec justesse et humanité.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
