Ex Libris : New York Public Library (2016) Frederick Wiseman

Ex Libris : New York Public Library

Pays de productionEtats-Unis
Sortie en France01 novembre 2017
Procédé image35 mm - Couleur
Durée197 mn
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Générique technique

RéalisateurFrederick Wiseman
Société de production Zipporah Films
Producteur déléguéKaren Konicek
Distributeur d'origine Météore Films (Paris)
Directeur de la photographieJohn Davey
MixeurEmmanuel Croset

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Ce que montre Ex Libris, c’est qu’une bibliothèque peut, en plus de renfermer des livres, être un lieu pour des réunions et des conférences politiques. Elle n’est pas coupée de la vie politique alentour, bien au contraire. Frederick Wiseman filme ainsi une conférence sur l’esclavage, dont l’orateur rappelle que certains clercs africains se sont opposés aux rois locaux qui collaboraient à la traite des Noirs, opposition qu’ils ont même théorisée, comme ont pu le faire les Lumières en Europe. Il nous en offre plusieurs extraits. De même, il place dans son documentaire plusieurs moments d’une réunion du comité d’administration d’une importante bibliothèque new-yorkaise. Pour le grand documentariste américain, il s’est toujours agi de révéler peu à peu, de laisser sourdre, la dimension politique de chaque institution à laquelle il s’est intéressé au cours de sa longue carrière de cinquante années. En observant patiemment, en additionnant les observations obtenues, les moments durant lesquels le temps passe, sans aboutir à un climax. C’est la vie quotidienne des institutions, américaines le plus souvent, voire la routine, qu’il a traquées avec sa caméra. Depuis ses débuts, il reste à l’affût, faisant confiance à sa patience. Dans ses films, on attend. « On », c’est-à-dire les gens qu’il capte en train d’attendre un instant de répit dans leur maladie, d’attendre de comparaître, de se battre, qui tentent de faire leur job le mieux possible, obligés qu’ils sont de respecter certaines procédures et les règles de leur théâtre social. Jamais, il ne se passe quelque chose, autrement dit Wiseman ne saisit pas quelque chose qui aboutit, mais des tas de micro-événements, par milliers, qui, par leur somme, forment un ensemble toujours changeant, miroitant de ses multiples facettes. Que fait d’une institution la vie ? Et que fait de la vie une institution ? Pour poser ces (ses) questions de la façon la plus dynamique, Wiseman filme un endroit plutôt qu’un sujet. Il ne déconstruit rien, n’analyse rien, ne critique rien, ne revendique rien. Ce sera au spectateur de le faire éventuellement, une fois que la pulvérulence de la réalité se sera déposée sur sa rétine. Wiseman ne se pose pas en idéologue : il ne veut pas démontrer ou prouver quelque chose. Ni en sociologue : il n’a pas pour but de dévoiler ce qui se cache derrière l’apparence des choses. Il préfère la surface, qui tout simplement exhibe les signes qui portent le sens, comme la figure exhibe en son milieu le nez, que pour cette raison on oublie de voir. En forçant un peu l’analyse, disons que pour lui, la profondeur est à la surface. La force de tout ce processus de décantation est ici un peu amoindrie car les séquences sont moins longues que dans les films les plus célèbres de Wiseman, évolution sensible depuis ces dernières années. Certainement à cause du souci du cinéaste de soutenir l’attention du spectateur, devenu moins patient au XXIe siècle. Il aurait été bien v(en)u d’utiliser la durée de la dernière heure, un peu répétitive, pour rallonger certaines séquences. Mais cette immersion, ce voyage dans le monde des bibliothèques à New York n’en est pas moins une réussite, qui vaut le déplacement.
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