Synopsis
Réalisé par Sandra Blondel (davantage au montage) et Pascal Hennequin (à la photo), Irrintzina emprunte le nom d’un cri ancestral basque pour relater la geste militante d’activistes « radicalopragmatiques » exerçant la désobéissance civile non violente dans le cadre du mouvement Alternatiba, fondé par Txetx Etcheverry pour faire le lien entre l’écologie et la justice sociale. Une génération de jeunes militants motivés par la question climatique l’ont rejoint, comme Jon Palais (venant de Greenpeace), le célèbre « faucheur de chaises » poursuivi par la BNP-Paribas. Irrintzina est divisé en trois parties. La première relate le Tour Alternatiba, 5 600 kilomètres sur de drôles de vélos, parti le 5 juin 2015 de Bayonne, berceau du mouvement. Accueillis par les militants à chaque étape, c’est l’occasion de débats et de fêtes. Une étape non autorisée à Marseille, une halte à Fessenheim avec contrôles de la gendarmerie, un passage par Notre-Dame-des-Landes avant de terminer à Paris le 26 septembre... La deuxième partie est centrée sur Paris et l’ANV-COP 21, tout d’abord avec la poursuite du fauchage de 187 chaises dans les agences de la BNP, impliquée dans l’évasion fiscale. Malgré les attentats du 13 Novembre, pas question de se taire. Pourquoi les rassemblements politiques seraient-ils interdits alors que les marchés de Noël sont autorisés ? Dans leur « quartier génial » de l’Île Saint-Denis, les activistes préparent, entre autres manifs, le village mondial des alternatives, les 5 et 6 décembre à Montreuil. Le 9, HK chante On lâche rien ! à la BNP Opéra. Les grands pollueurs sont à la COP au Bourget, où Alternatiba n’a pas droit de parole... Un rassemblement se fait au Champ-de-Mars le 12 décembre avec Naomi Klein et Geneviève Azam. Non contraignants, les accords célébrés par le système consacrent en fait la suprématie du commerce sur le climat. Ils sont jugés sévèrement par les militants qui constatent que notre mode de vie égoïste entraîne le pillage des ressources et l’accroissement des inégalités. Le 8 février 2016, 196 chaises de la BNP sont restituées à la justice (Jon Palais sera relaxé le 23 janvier 2017). La troisième partie du film est consacré au blocage du MCEDD, le Sommet du pétrole offshore, le 5 avril 2016 à Pau, rassemblant Total, ENI, BP... Les activistes se préparent au village Emmaüs à Lescar (car l’Abbé Pierre est aux pauvres ce que la BNP est aux riches). Il y a un sacré bordel dans le fief palois de Total lorsque la police vient protéger les congressistes et refoule violemment des activistes qui essayent de s’infiltrer dans la place en chantant : « Sans haine, sans arme, sans violence ! ». Ainsi, rien ne change. Le réchauffement climatique annoncé à 1,5° au Bourget sera plus vraisemblablement de 4 à 5° en 2100. Irrintzina montre donc une lutte citoyenne contre le système favorisant les pollueurs, une lutte souvent conviviale, propre à mobiliser les énergies. Ne heurtant pas l’opinion publique, la stratégie non violente est jugée plus efficace face à l’État, mais cela suffira-t-il à éviter le pire qui nous guette ? Les 1258 contributeurs l’espéraient-ils ?
© LES FICHES DU CINEMA 2017
Réalisateur