Synopsis
Les chanteuses inspirent le cinéma. Et 2017 fête leur mémoire : après un biopic classique et sans originalité consacré à Dalida (morte en 1987), puis une fiction en abyme inspirée par Barbara (morte en 1997), voici un documentaire énamouré pour la Callas (morte en 1977). Soit vingt, trente ou quarante ans qu’elles ont quitté la scène. Comme le titre le laisse deviner, dans Maria by Callas, ce n’est pas tant la star Callas qui intéresse Tom Volf, dont c’est le premier long métrage, que la femme qui veille derrière, ou à côté, et parfois même devant, le mythe. Et plutôt que de disséquer la dualité entre les deux figures, le documentariste s’efface derrière Maria Callas elle-même lui laissant la parole au cours d’entretiens accordés à divers médias et en diverses langues, la cantatrice étant aussi voyageuse que polyglotte. La carrière incroyable qu’elle mena, dans tous les plus grands opéras du monde, fut fulgurante et dévorante. Mais là où la fiction penche le plus souvent vers le sensationnalisme, le documentaire privilégie ce que la Callas mettait au-dessus de tout dans son art : l’intégrité et l’honnêteté. Au risque de se trouver un peu trop hagiographique, Maria by Callas restitue la parole, libre, claire et infiniment réfléchie, de l’Américaine (naturalisée Grecque par la suite, pour se libérer de son mariage), ce qui met à mal quelques clichés qui collent généralement aux femmes qui réussissent : diva ingérable et autoritaire, amoureuse dépressive voire hystérique, carrière sacrifiée d’une victime éternelle. Car les entretiens accordés par la Callas montrent une femme parfaitement consciente de son parcours, de son caractère et du milieu dans lequel elle évolue. En témoigne, par exemple, son refus de se battre contre la presse, qui, après l’avoir encensée, la prend en grippe à la suite d’une annulation de concert à Rome. Callas porte également un regard lucide sur les sacrifices qu’implique sa dévotion à son art. Elle tient cette discipline de sa mère, dont l’ambition écrasante se justifiait aussi par l’extraordinaire don d’interprétation de sa fille. Le documentaire bénéficie enfin de documents personnels de Maria Callas. La lecture de ses lettres (par Fanny Ardant, qui d’autre !) finit de lui conférer un visage humain, à la fois vulnérable et fort. Sa liaison tourmentée avec Onassis prend par exemple un autre tour que ce que la légende a pu en retenir. Les images d’archives, nombreuses et exemplaires, parlent d’elles-mêmes : quelle métamorphose lorsque la besogneuse Callas laisse place à l’amoureuse Maria, chaque trait de son visage se lisse, comme décrispé. Métamorphose qui en dit long sur la relation tumultueuse entre vie d’artiste et vie de femme (ou d’homme). Le documentaire laisse aussi une place importante aux représentations de la Callas. Mais celles-ci sont montrées davantage sous l’angle de la légende, pratiquement du star system (la multiplication des scènes dans les plus grandes capitales, les applaudissements, le tralala des spectateurs d’opéra), que sous un angle esthétique. C’est un peu dommage, car l’artiste finit par être éclipsée par la femme. Un juste retour des choses ?
© LES FICHES DU CINEMA 2017
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