Kedi (2016) Ceyda Torun

Kedi - Des chats et des hommes

Pays de productionTurquie
Sortie en France27 décembre 2017
Procédé image35 mm - Couleur
Durée79 mn
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Générique technique

RéalisateurCeyda Torun
Société de production Termite Films
Société de production PK Film Investment GmbH (Mannheim)
ProducteurCeyda Torun
ProducteurCharlie Wuppermann
CoproducteurIlan Arboleda
Producteur exécutifThomas Podstawski
Producteur exécutifGregor Kewel
Producteur exécutifJohn Keith Wasson
Distributeur d'origine Epicentre Films (Paris)
Directeur de la photographieCharlie Wuppermann
Ingénieur du sonBurçin Aktan
MixeurIlkin Kitapçi
Compositeur de la musique originaleKira Fontana
MonteurMo Stoebe
Directeur de castingBülent Üstün

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Quelque peu à l’image des vaches en Inde, les chats sont considérés par les Stambouliotes (majoritairement musulmans) comme des animaux quasi sacrés, aimés du Prophète. Pour diverses raisons (symboliques, religieuses, sociales...), ils inspirent aussi bien le respect que la protection et l’affection des habitants. Si bien que les félins, mi-domestiqués, mi-sauvages, deviennent le sujet du premier documentaire de Ceyda Torun, anthropologue de formation. En gestation depuis 2013, le projet prévoyait à l’origine de dresser l’histoire de 35 chats. Ce ne sont finalement que sept portraits qui formeront le film définitif : Dumain le gentleman, Gamsiz le joueur, Aslan Parçasi le chasseur, Sari l’arnaqueuse, Bengü la tombeuse, Deniz le mondain et Psikopat, au nom bien éloquent. Pendant près d’1h20, les héros de Kedi nous font découvrir la ville à hauteur de chat. La caméra virevolte, vagabonde entre les jambes des passants, se faufile à travers les passages secrets, plonge dans les caniveaux... Si, dans un premier temps, la forme du documentaire jouit d’une légèreté et d’un dynamisme captivants, elle n’en finit pas moins par lasser. Bien qu’adorables et par moments fascinants, les félidés ne suffisent pas toujours à justifier la longueur - pourtant fort raisonnable - de ce « reportage » immersif. Et dans les témoignages humains, Torun ose les redites quand, bien souvent, le silence pourrait se suffire à lui-même. Au-delà de ces mimiques félines, le documentaire se révèle plus passionnant quand il s’agit de dresser un portrait panoramique de la ville d’Istanbul. De jour comme de nuit, l’ancienne capitale de l’Empire ottoman se retrouve nimbée de lumières... Si bien qu’on en viendrait presque à oublier les profondes mutations qu’elle traverse encore : des refontes urbanistiques et économiques, sans oublier un climat politique et religieux tendu. Le plus grand mérite de Kedi réside alors dans son intention subtile - presque équivoque - de montrer la ville sous un angle inédit. Les anecdotes livrées par les habitants prennent ainsi une toute autre gravité lorsqu’ils font des chats les témoins d’un chaos latent et effervescent. Une artiste engagée voit en eux l’expression d’une féminité jusqu’ici réprimée. Faute de pouvoir guérir de sa dépression, une mère de famille consacre son quotidien à les soigner et les nourrir. Face à l’insalubrité publique causée par les rats, un serveur reconnaît quant à lui l’utilité indéniable des chats - selon une légende, les félins ont évité à la ville la Peste Noire. Plus tard, un pêcheur, acculé par le naufrage de son bateau, raconte qu’une chatte l’a guidé vers un portefeuille contenant la somme nécessaire au rachat d’une nouvelle embarcation. « Ceux qui ne croient pas cette histoire sont pour moi des païens », affirme-t-il, convaincu. Si Torun flirte parfois avec l’anthropomorphisme, elle démontre également que la fonction de ses héros ne se limite pas à la dimension affective. Elle est également aussi symbolique que spirituelle. Tantôt sauveurs, tantôt observateurs, les chats de Kedi livrent avant tout une vision inattendue d’une société tiraillée entre ses moeurs parfois incompatibles, la poésie de son histoire et l’incertitude de son avenir.
© LES FICHES DU CINEMA 2017
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