Enquête au paradis (2017) Merzak Allouache

Pays de productionFrance ; Algérie
Sortie en France17 janvier 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée135 mn
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Générique technique

RéalisateurMerzak Allouache
Assistant réalisateurAmine Kabbes
ScénaristeBahia Allouache
ScénaristeMerzak Allouache
DialoguisteBahia Allouache
DialoguisteMerzak Allouache
Société de production Les Asphofilms (Paris)
Producteur déléguéBahia Allouache
Producteur déléguéMerzak Allouache
Distributeur d'origine Zootrope Films (Paris)
Directeur de la photographieHocine Hadjali
Ingénieur du sonAmine Teggar
Compositeur de la musique originaleYahia Bouchaala
MaquilleurMahmoud Dehghani
MonteurBahia Allouache

générique artistique

Salima Abada(Nedlma)
Younès Sabeur Chérif(Mustapha, le collègue)
Aïda Kechoud(la mère)

Bibliographie

Synopsis

Quelle que soit la légitime appréhension que peut susciter sa longueur, il ne faut surtout pas rater ce film propre à éveiller les consciences. Au prétexte d’une enquête "sur" le paradis vu par les prédicateurs salafistes et wahhabites, il débouche sur une enquête au "paradis" qu’est l’Algérie (le titre est ironique) pour se muer en avertissement au monde, illustrant ainsi brillamment l’axiome de John Ford : "Soyez local, vous serez universel". Ayant regardé les vidéos des téléprêcheurs salafistes Chemsou, vantant avec une sensualité consommée le charme des houris (vierges) attendant les hommes au paradis, et Hamadache, condamnant les contes pour enfants - tous deux fustigeant pareillement le rôle néfaste des femmes ici-bas -, la journaliste Nedjma emmène son collègue Mustapha interviewer hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions sur la représentation qu’ils se font du paradis islamique. "Il y a au paradis tout ce qu’on n’a pas trouvé sur Terre", entame un jeune, qui poursuit à propos des 72 houris : "Un dogme, ça ne se conteste pas. C’est la volonté de Dieu". Peu à peu, le refoulement du désir et la frustration sexuelle semblent, pour l’essentiel d’entre eux, être au coeur du besoin d’y croire. Mais avec les intellectuels (artistes, psychologues), le constat s’affine : il est aussi question de manque d’éducation, de culture, de voyage... Avec Fehti Garhes et Kader Affart, militants démocrates accusant l’État de jouer sur ces discours pour imposer son oppression, le discours se fait politique. Avec humour et intelligence, le romancier Kamel Daoud évoque, lui, la "pornographie islamiste" tandis que l’ex-salafiste Omar Belkhala décode la perversion wahhabite qui a fait passer son désir de vivre - pour mériter le paradis - en souhait de mourir pour lui. Dans son sillage, les Cheikh Moussa El Brahim et Zaouïa demandent sagement à ce qu’on revienne au Coran et à la Sunna. Vilipendées et réifiées, les femmes trouvent leurs avocates avec la chanteuse Souad Asla et les militantes féministes Aouïcha Bakhti et Samia Zenadi, lesquelles expliquent avec mordant que les prédicateurs se sont adaptés à la mondialisation en faisant du paradis un business et de la femme (via les houris) un objet de consommation : "On répond : le salut soit sur toi et hop ! ça te fait dix bons points !". "Même Daech n’arrive pas à la hauteur des atrocités commises durant la Décennie noire" (années 1990), enchaîne alors Sarah Haïdar, écrivaine, ajoutant la récente et terrible histoire de l’Algérie à ce portrait politique, sociétal, économique et religieux. On pense à Nietzsche qui stigmatisait ces arrière-mondes conçus pour nous empêcher d’aimer la vie ici-bas, ou à Jean-Pierre Changeux et Gérald Bronner, rappelant que le cerveau favorise notre besoin de croire aux savoirs et à la vérité. Ultime sursaut ? Le psychologue Mahmoud Boudarene en appelle aux valeurs de l’école républicaine et à l’éducation parentale, avant que Mustapha propose à Nedjma cette conclusion : les wahhabites ont reconnu s’être trompés : le paradis ne contient pas 72 houris pour un homme mais une houri de 72 ans. Et si, en plus d’être le propre de l’Homme, le rire restait notre meilleure arme pour ne pas perdre la raison ?
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