Synopsis
À l’heure où le monde de l’éducation - parents et enseignants - trouve de plus en plus refuge dans des méthodes d’éveil alternatives au système classique (comme la méthode Montessori, pour ne citer qu’elle), Le Cerveau des enfants propose de s’appuyer sur les neurosciences afin de déterminer les facteurs les plus propices au développement et à l’épanouissement de l’enfant. La journaliste Stéphanie Brillant, inspirée par ses recherches sur le potentiel humain et ses travaux liés à l’enfance, réalise ici son premier film. Elle convoque de nombreux intervenants, du psychiatre Daniel Siegel au moine bouddhiste Matthieu Ricard en passant par Kimberly Robinson, jeune institutrice. Un casting pour le moins hétérogène, et donc étonnant : si le sujet est étudié d’un point de vue neurobiologique, donc purement scientifique, pourquoi faire intervenir un prêcheur bouddhiste ? Il ne s’agit pas de considérer que science et spiritualité ne sont pas compatibles, mais de souligner un manque de clarté dans le documentaire. Visuellement, le film souffre d’un montage parfois grossier, d’une surenchère d’images et de petits effets inutiles. Ces tics de réalisation peuvent être le signe d’un perfectionnisme exacerbé, d’une réelle volonté de bien faire ou d’un enthousiasme difficile à canaliser. Ils sont, quoi qu’il en soit, polluants pour le spectateur. Une meilleure structuration de la forme aurait largement mieux servi le fond. Car l’intention de Stéphanie Brillant est plus que louable : donner les clés nécessaires au développement maximal et optimal du potentiel que détient chaque enfant, le tout sans se positionner en messie de l’éducation. L’idée semble simple : il faut encourager l’enfant à développer sa pleine conscience, faire en sorte qu’il soit régulièrement en interaction avec d’autres personnes, l’inciter au lâcher-prise et lui proposer un maximum d’activités extra-scolaires. Le problème, c’est que ce mode de vie et de pensée, unanimement défendu par les intervenants, est développé en faveur du monde occidental, et notamment des cultures américaine et européenne. La réalisatrice, Française installée à Los Angeles depuis trois ans, semble oublier de le mentionner. Les autres cultures étant mises à l’écart, on ne peut s’empêcher de noter ce manque de recul et de mise en perspective de la part de la journaliste, qui inscrit très clairement son documentaire dans un style typiquement américain. Les conseils prodigués par cette armée d’experts sont plus qu’attractifs, mais loin d’être inédits : maîtriser ses passions par la respiration, accepter l’erreur comme outil de progrès, expérimenter pour comprendre. On a alors le sentiment de voir défiler un best of mal ordonné de toutes ces méthodes, un état des lieux, plus qu’une véritable réflexion qui amènerait à débattre. Et surtout, l’argument scientifique, pourtant point de départ du documentaire, s’éloigne toujours de plus en plus. Reste que le film constitue une source d’informations qui peut s’avérer précieuse pour certains parents, dont le rôle et la présence demeurent essentiels dans l’épanouissement de leur progéniture.
© LES FICHES DU CINEMA 2018