America (2017) Claus Drexel

Pays de productionFrance
Sortie en France14 mars 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée82 mn
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Générique technique

RéalisateurClaus Drexel
Société de production Gloria Films Production (Paris)
Coproduction Arte France Cinéma
ProducteurLaurent Lavolé
CoproducteurRémi Burah
CoproducteurOlivier Père
Directeur de productionDiane Thin
Distributeur d'origine Diaphana (Paris)
Directeur de la photographieSylvain Leser
MixeurAnne-Laure François
Compositeur de la musique originaleIbrahim Maalouf
MonteurVéronique Bruque

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Non seulement Claus Drexel aime les hommes, mais il a le don rarissime de les relier, avec une justesse quasi dramaturgique, et de façon ontologique, à leur environnement. Dans Au bord du monde (2013), il filmait des SDF comme les héros tragiques d’un Paris devenu opéra. Ici, c’est dans l’Arizona, avec son canyon, seul "décor" que les rayons du soleil semblent animer, ses carcasses de voitures et ses os d’animaux, son désert constricteur, ses lignes d’horizon écrasantes, sa mythique route 66 et ses trains interminables, qu’il a abordé, avec acuité et compréhension, et sept semaines durant - autour de novembre 2016, lors de la campagne électorale qui aboutit à la victoire de Donald Trump -, les 450 habitants de Seligman. Et, de la même façon qu’il nous rappelait que les "sans-abri" ne sont pas sans domicile fixe (le leur étant justement là où ils se fixent : dehors), il nous démontre ici, au fil des interventions, combien le fil est ténu entre "le bon sens" et la pensée primaire, l’idéal et le trivial du train-train (boire et bosser), la certitude d’être un pays grand et puissant et la peur d’être envahi. Il est vrai que les contradictions abondent et, plus encore, s’assument. Ainsi Sandy Coleman, infirmière, peut-elle se montrer aussi éprouvée par le souvenir d’un Vietnamien mort devant elle lors de la guerre que capable de narrer, sans état d’âme, comment elle abattit d’une balle un garçon qui l’agressait avec un couteau... Ainsi encore le couple Jones peut-il vouloir faire de leur bébé "un homme bien et aimant les autres" et envisager de lui donner sa première arme à 5 ans. Ainsi Jenna Jones, enfin, rêve-t-elle d’assister à l’exécution d’un condamné à mort, pour voir ce que ça lui fait ! D’autres intervenants se révèlent plus pittoresques : Shawn Namoki, Indien hopi, avec sa spiritualité animiste et son discours qui fait écho à celui de la serveuse Beverlee Baker, désabusée face au désastre climatique et à l’addiction aux écrans ; Hugh Campbell, soigneur de chevaux, partage le monde entre leaders et suiveurs, condamne Hitler pour avoir abusé son peuple, s’avoue prêt à suivre Trump une fois élu et, s’il trompe ses compatriotes, à le destituer. En somme, le cinéaste formule la même question que l’American Honey d’Andrea Arnold (2016) : "que reste-t-il du rêve américain ?". Au terme de ce voyage dans l’Amérique profonde, on pourra hasarder une réponse : l’amour du pays, l’absence de complexe envers l’argent (celui des businessmen, comme Trump, plutôt que celui des politiciens), la foi dans le self-made-man et un amour viscéral pour les armes et le deuxième amendement qui en justifie le port. Bref, une certaine idée de ce Far-West dont John Ford préférait la légende quand elle était plus belle que la vérité. Et, pour nous, la sensation confuse qu’en-dehors de la Californie et de New York, le peuple américain ne saurait être jugé et analysé à l’aune de nos repères européens. Ne serait-ce que pour ce judicieux rappel, Claus Drexel fait oeuvre utile et mérite toute notre attention.
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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