Après l'ombre (2017) Stéphane Mercurio

Pays de productionFrance
Sortie en France28 mars 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée93 mn
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Générique technique

RéalisateurStéphane Mercurio
Assistant réalisateurLena Fraenkel
Société de production Iskra - Images, Sons, Kinescope, Réalisations Audiovisuelles (Paris)
Producteur déléguéViviane Aquilli
Distributeur d'origine Docks 66 (Paris ; Marseille)
Directeur de la photographieMathieu Bertholet
Directeur de la photographieStéphane Mercurio
Ingénieur du sonDana Farzanehpour
MixeurJean-Marc Schick
MonteurNicolas Chopin-Després

générique artistique

Eric Jayat
Louis Perego
André Boiron
Annette Foëx
Didier Ruiz

Bibliographie

Synopsis

"Je n’ai jamais rien fait d’aussi politique jusqu’à ce jour. Mais, bordel, ça sert à ça, le théâtre ! " , s’enthousiasme Didier Ruiz à quelques jours de la représentation publique (incluant des scolaires) de ce spectacle hors norme. Émus, ses "acteurs" remercient. Ils sont quatre (Éric, Louis, Dédé et Alain), ont entre 40 et 73 ans et ont purgé, chacun, une longue peine de prison (de 19 à 30 ans). Avec eux, Annette, épouse de Louis et mère de leur enfant, qui, malgré ses peurs et ses colères, a suivi son mari de parloir en parloir huit ans durant. Assisté de Mina et de Bernard Bolze, Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Didier Ruiz leur fait effectivement raconter sur scène leur tragique expérience grâce à la maison de production Docks 66 (La Sociologue et l’ourson, Retour à Forbach...). Tout commence dans une austérité brechtienne : prises de notes présentant les "personnages", puis premières tentatives de prise de parole des uns, suivies des conseils de Ruiz, le tout sous des éclairages contrastés et devant la caressante caméra de Stéphane Mercurio, alternant travellings et plans fixes, proches ou éloignés. Ressurgit alors l’Elvire Jouvet 40 de Benoît Jacquot (1987). S’ensuit une passionnante discussion entre Didier Ruiz et Bernard Bolze, où il s’agit de positionner le curseur entre émotion - nécessaire au spectateur - et pudeur - par respect pour les anciens prisonniers. À peine commencé, le film se préoccupe déjà de l’essentiel. Dès lors, les récits collectif et individuels vont nous entraîner dans une mise en abyme hallucinante entre le vécu et la narration, et nous faire découvrir la puissance évocatrice et émotionnelle, ainsi que le pouvoir cathartique, du théâtre. Avec quels mots raconter ? Comment se réapproprier son corps, l’espace, etc. après des années d’enfermement ? Bousculer sa pudeur, sa peine, ses colères ? Retrouver la joie, le sourire ? "Comment c’était sur la forme ? ", s’inquiète Alain, qui a peiné à narrer la mort tragique de son fils Antoine, abattu alors qu’il faisait un cambriolage, puis les conditions odieuses qui lui furent imposées pour aller se recueillir sur sa tombe. "Bien sûr que ça allait ! C’est de salut public : vous êtes là et vous nous faites entendre l’indicible". Alternent alors interrogations sur la mise à distance nécessaire pour s’exprimer, encouragements de Didier Ruiz, séquences douloureuses (telles celles où Eric cesse de danser, car toucher lui rappelle les violences carcérales), évocations de la solitude... "Tu as le choix entre les larmes et le suicide, Annette", dit Ruiz pour l’aider à choisir son entrée en scène. La méthode Stanislavski épouse magiquement le Paradoxe sur le comédien de Diderot. On ne saura rien de leurs crimes - si ce n’est que Louis fut impliqué dans un braquage. Le réalisateur a souhaité éviter qu’ils vampirisent ce qui se joue à l’écran. Dont acte. On peut en nourrir un regret : l’impossibilité de mesurer en justesse "d’où ils (re)viennent", tant ils nous touchent et nous redonnent foi en la capacité de réhabilitation de chacun. Une remarque vénielle pour un film où l’essence de l’art ressort sublimée.
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