C'est assez bien d'être fou (2017) Antoine Page

Pays de productionFrance ; Belgique
Sortie en France28 mars 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée104 mn
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Générique technique

RéalisateurAntoine Page
ScénaristeAntoine Page
ScénaristeBilal Berreni
ScénaristeSidonie Garnier
Société de production La Maison du Directeur (Paris)
Société de production Ambiances...asbl (Namur)
Société de production Vosges Télévision (Epinal)
ProducteurJeanne Thibord
ProducteurSidonie Garnier
Distributeur d'origine La Maison du Directeur (Paris)
Directeur de la photographieAntoine Page
Ingénieur du sonAntoine Page
MonteurAntoine Page

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Il y a une belle idée dans ce documentaire : le fait d’interviewer des gardiens - de bunker, de trains, d’usines à sperme bovin - qui ne gardent plus rien d’autre que leurs souvenirs. Profitons-en, ces fugaces instants émouvants ne sont qu’une infime part du gros gâteau indigeste que nous propose ce film de voyage au fort parfum de déjà vu. Bilal Berreni, un jeune street-artist qui peint sous le pseudonyme de Zoo Project, et Antoine Page, réalisateur, décident de partir, à bord d’un van croulant des années 1970, à travers l’Europe, jusqu’à Vladivostok. Le choix de cette ville comme destination n’a pas d’autre raison que l’exotisme radical du lieu, car l’idée, ici, est que le plus important dans l’aventure c’est le parcours et non pas l’objectif... Tout au long du périple, Bilal va peindre, exposer, prendre des photos, investir ces lieux désertés, mortifères, ces friches hors du monde, ni tout à fait sorties du communisme ni vraiment entrées dans la mondialisation. Heureusement, Bilal Berreni n’est pas JR, et son art n’est pas uniquement son reflet égotiste dans ses lunettes de soleil. Cependant, même la bienveillance totale des deux voyageurs ne peut nous empêcher de nous poser des questions aussi bien morales que cinématographiques : la dernière carcasse de bateau du lac Aral mérite-t-elle d’être peinturlurée ? N’y-a-t il pas, en dépit de cette grande idée humaniste d’insuffler de l’art dans la vie exsangue des faubourgs soviétiques, une forme de paternalisme et de complaisance à observer ces personnages "tellement slaves" (comprendre : édentés, bourrus, imbibés d’alcool fort, mais si gentils dans le fond), tout en recouvrant leurs tôles de graffitis (du genre "vous c’est, ou c’était, le travail, nous c’est l’embellissement") ? D’autant plus qu’il manque dans ce film un aspect véritablement documentaire, puisque les chiches et rares entretiens face caméra des locaux sont soit trop explicatifs soit trop évasifs. Tout glisse alors dans le cliché au double sens du mot : les gens sont des stéréotypes, et les images de paysage ont la dureté glacée d’un portfolio sans âme, à peine égayé par les productions (pourtant très harmonieuses) de Berreni. Antoine Page ne tient pas son récit, et la poésie recherchée ne débouche que sur une léthargie discursive très vite rédhibitoire. Alors on avance, en voiture puis en train, et la croquignolette galerie de portraits qui défile devant nous sans qu’on ait ni le temps d’en rire ni celui de s’attacher ne laisse pas la moindre trace tenace dans notre esprit. Même l’arrivée à Vladivostok, où la terre se finit, et qui donne une tristesse prophétique au voyage (Bilal Berreni est mort en 2013, assassiné, à seulement 23 ans), n’a droit qu’à quelques plans si typiques qu’on les devinait sans y être allé. Sitôt vu, sitôt oublié : tel est le décevant mais implacable sort de ce film sans souffle, qui ne compte - douce utopie - que sur sa poésie en sac à dos pour tenir la distance d’un si long périple cinématographique.
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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