Lettre à Inger (2017) Maria Lucia Castrillon

Pays de productionFrance
Sortie en France01 mai 2019
Procédé image35 mm - Couleur
Durée76 mn
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Générique technique

RéalisateurMaria Lucia Castrillon
ScénaristeMaria Lucia Castrillon
Société de production La Ruche Productions
ProducteurLaura Townsend
Producteur exécutifCamille Chandellier
Distributeur d'origine La Ruche Productions
MixeurAntoine Bailly
Compositeur de la musique originale Manu la main rouge
Compositeur de la musique originaleRaul Maya
Compositeur de la musique originaleRodrigo Henao
MonteurMaria Lucia Castrillon

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Pour son premier long métrage, entamé en 2013 lors de l’exposition Marker à Beaubourg, María Lucía Castrillón réalise une oeuvre chaleureuse et nostalgique, à la fois biographique, politique, historique et artistique. C’est dire sa richesse de lecture ! En effet, au fil des images d’archives en noir et blanc ou en couleur, de la lecture de lettres personnelles ou professionnelles et des divers entretiens, se profilent trois portraits : celui d’Inger Servolin, celui, en creux, de Chris Marker, et enfin celui des 60’s et 70’s quand l’art devait, pour beaucoup, éveiller les consciences. Il fallait troubler le troupeau pour combattre l’adversaire rappelle ainsi Pierre Camus, associé chez Iskra. Le fil conducteur, bien sûr, c’est Inger Servolin. Née en 1933 à Oslo dans une famille aisée, orpheline de père à 5 ans, elle quitte son pays adolescente, son beau-père exigeant qu’elle interrompe ses études pour travailler avec lui. En 1967, elle rencontre en France Chris Marker. C’est le déclic. À son instigation, elle fonde Slon (Société pour le lancement des oeuvres nouvelles) à Bruxelles afin d’initier une expérience inédite de cinéma ouvrier, devenant ainsi la première productrice de documentaires en France. Leur cinéma se veut libre, engagé, au coeur de la société et des usines dans un esprit proche de celui de Jean Vilar avec le théâtre décentralisé. Derrière leur collaboration empreinte de confiance et de stimulation réciproque, se dessine le portrait en creux de Chris Marker : " Il n’y a jamais eu d’accord. C’était une évidence pour lui comme pour moi "... Mais aussi l’esprit des 60’s et 70’s, un temps d’artisanat, de débrouille et de convictions où la responsabilité était partagée. Un temps où Simone Signoret louait leur façon de fonctionner, où, les chaînes françaises refusant ses films, Inger parcourait l’Europe en 204 pour les vendre et trouver de l’argent ("Elle avait un certain sens de la diplomatie malgré son côté iceberg", confie en riant Jean-François Dars, collaborateur à Iskra). Un temps où, pour produire Le Fond de l’air est rouge, premier long métrage et chant du cygne du duo, cette féministe de gauche obtint le soutien du banquier Didier Souet. "Il faut utiliser les armes de l’ennemi pour soutenir ses amis", lâche-t-il, amusé. Joli pied de nez à notre époque, on voit Alain Peyrefitte vouer aux gémonies la violence des manifestants de 68. Les aléas de la destinée de Slon, déménageant à Paris en 1973 pour devenir Iskra court métrage, dévoilent surtout comment l’Histoire (l’arrivée de la gauche au pouvoir, la chute du mur de Berlin, le triomphe du capitalisme...) va balayer les illusions et fragiliser Iskra, qui sera sauvée de justesse. "Sans Marker, il n’y aurait pas eu Iskra. Mais Iskra a aussi existé grâce à beaucoup de gens qui l’ont suivi dans l’ombre", souligne avec humilité la productrice au doux visage. In fine, c’est aussi la générosité de Castrillón qui émane de ce vivifiant et tendre hommage d’une Colombienne à une Norvégienne qui a inscrit Marker au patrimoine du cinéma français ! "Si on n’a pas d’utopie, on crève", conclut Inger Servolin. Un rappel qui résonne comme une urgence en nos temps de cynisme postmoderne.

Exploitation