Derniers jours à Shibati (2017) Hendrick Dusollier

Pays de productionFrance
Sortie en France28 novembre 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée58 mn
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Générique technique

RéalisateurHendrick Dusollier
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
ProducteurHendrick Dusollier
ProducteurMaria Roche
ProducteurCamille Laemlé
Distributeur d'origine Météore Films (Paris)
Directeur de la photographieHendrick Dusollier
Ingénieur du sonHendrick Dusollier
MixeurJean-François Viguié
MonteurHendrick Dusollier

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Légitimement couvert de prix, ce petit chef-d’oeuvre de délicatesse chronique - et par là même archive - la disparition d’un quartier insalubre littéralement avalé par le développement métastasique de la plus grande mégapole du monde. Dans la pure tradition du cinéma du réel, Hendrick Dusollier se laisse guider par trois habitants de Shibati, trois générations différentes mais trois mêmes oubliés du miracle chinois. Ainsi, loin de documenter le phénomène de relogement massif en Chine ou de s’arrêter sur l’ampleur inégalée de la démographie de Chongqing, le réalisateur choisit plutôt ici de relater de façon intime et incarnée l’incroyable gâchis humain qui résulte des "relogements" dans une tour HLM sans grâce, loin de tous ses repères, aux confins d’une ville tentaculaire. De six mois en six mois, il se rend dans le quartier de Shibati retrouver ceux qui y semblent le plus attachés, peut-être parce que les plus aptes à y projeter un imaginaire. Il suit ainsi le petit Zhou Hong qui l’entraîne vers la "cité de la lumière de la lune" (nom d’un centre commercial voisin dont la façade est un écran géant qui éclaire le quartier de Shibati.) L’enfant goûte pour la première fois du Coca-Cola (boisson du déracinement par excellence), le trouve beaucoup trop sucré et fait son baptême du métro pour aller voir, avec son père, leur nouveau logement. Il y a aussi Xue Lian, une femme âgée, désarmante de douceur, qui gagne chichement sa vie en triant les déchets et, Facteur Cheval du bout du monde, constitue une collection d’objets de récupération aussi baroques que poétiques. Enfin, il y a Monsieur Li, coiffeur à Shibati, qui confond De Gaulle et Roosevelt, disserte sur Mao et chez qui Hendrick Dusollier, bénéficiant de l’assistance d’un ami interprète, a souvent déjeuné. Chacun peut alors évoquer le destin du quartier, donnant par là-même au spectateur quelques éléments de contexte. Porté par l’urgence de sauvegarder une mémoire, le cinéaste fait de sa narration un pur instant de grâce et de poésie jamais dénué d’humour. Assumant crânement son statut d’étranger, il intègre pleinement le fait qu’il ne parle pas mandarin, en usant même comme d’un ressort comique. "Cet étranger n’arrête pas de nous filmer !... C’est sans doute un paumé, sinon, qu’est-ce qu’il viendrait foutre ici ?", déclare ainsi un habitant, éclairant alors la méthode de Hendrick Dusollier. "Au cours de mes voyages, j’ai mis au point une petite technique. Pour ne pas éveiller les soupçons, j’adopte une attitude corporelle particulière, extrêmement discrète, et j’arbore un sourire un peu niais. J’évite néanmoins de garder le silence. Pour éviter de rompre la relation, je leur parle en français. Ils n’y comprennent rien, sinon à travers mes intonations et les expressions de mon visage. J’étais seul avec ma caméra, généralement sans interprète. Ils parlaient librement, et notamment de moi, en sachant bien que je ne comprenais pas". Fragilisé par son statut d’étranger et ainsi rendu à son absolue altérité, Hendrick Dusollier réussit alors magistralement à saisir l’insondable mélancolie d’un monde à jamais englouti, donnant à son film une poignante et sublime humanité.
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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Exploitation

Nombre total d'entrées en fin d'exclusivité (Paris)4046
Nombre d'entrée première semaine (Paris)2011
Nombre d'entrées première semaine (France)2011
Nombre total d'entrée en fin d'exclusivité (France)4046