Des spectres hantent l'Europe (2016) Maria Kourkouta, Niki Giannari

Pays de productionFrance ; Grèce
Sortie en France16 mai 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée99 mn
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Générique technique

RéalisateurMaria Kourkouta
RéalisateurNiki Giannari
ScénaristeMaria Kourkouta
ScénaristeNiki Giannari
Société de production Survivance (Meudon)
ProducteurMaria Kourkouta
ProducteurCarine Chichkowsky
Directeur de la photographieMaria Kourkouta
Ingénieur du sonAndré Fèvre
MixeurAndré Fèvre
MonteurMaria Kourkouta

générique artistique

Léna Plátonos(la voix de la narratrice)

Bibliographie

Synopsis

Idomeni, printemps 2016. Plus de 9 000 migrants vivent sous des tentes, à la frontière gréco-macédonienne. Fuyant leurs pays en guerre, Afghans, Syriens, Kurdes, Pakistanais et bien d’autres vivotent dans des conditions sordides. La cause ? Les gouvernements européens ont voté la fermeture de l’ancienne "route des Balkans", une voie empruntée par des centaines de milliers de personnes en quête d’un refuge en Europe. Confinés dans un camp informel, hommes, femmes et enfants se résignent à faire des queues pour boire, manger, se réchauffer ou encore bénéficier d’une aide médicale. À l’image de leur habitat précaire, leur champ d’action est limité. Partir du camp ? Impossible : les autorités encadrent de loin le périmètre ; la topographie déjoue quant à elle toute alternative. Les réalisatrices Maria Kourkouta et Niki Giannari filment alors l’itération des situations, entre monotonie et attente. Leur caméra numérique immortalise des paires de jambes et de pieds, les unes derrière les autres. Comme pour marquer l’absence d’évolution, ces plans à hauteur du sol s’éternisent et reviennent en boucle. Les migrants se contentent de faire ce qu’ils font depuis des semaines, voire des mois : patienter et continuer de (sur)vivre tels des âmes prisonnières d’un purgatoire. Plus tard dans le film, ils décident de bloquer le passage d’un train qui traverse également la frontière. Un interlocuteur, envoyé par le gouvernement grec, tente alors de raisonner le groupe. Débute un échange long et tendu durant lequel le fonctionnaire - ancien immigré - reproche aux infortunés de maltraiter un pays qui les héberge et nourrit généreusement. Dans la foule, la surprise se mêle à la fureur. Régulièrement, Des spectres hantent l’Europe capte de semblables instants, absurdes et hallucinants. Fuyant des guerres civiles, ces damnés de la terre se retrouvent paralysés dans un espace dépourvu de toutes civilisation et civilité. Filmé tel un no man’s land, le camp d’Idomeni rappelle à bien des égards la Jungle de Calais. On ne peut alors s’empêcher de se remémorer L’Héroïque lande [v.p. 295], réalisé par Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval. Tant sur le fond que sur la forme, les deux documentaires interpellent par leur exigence et leur expérimentation narrative. Presque dépourvu de voix off, le récit du camp d’Idomeni repose sur des fragments d’images de gestes, de regards ou encore de silences. Ici, les récits individuels sont évacués au profit du collectif. Plus surprenante mais toute aussi audacieuse est la partie finale du documentaire. Sur un texte de Niki Giannari, la musicienne Lena Platonos prête sa voix pour immortaliser une histoire qui n’est finalement que le miroir de nombreux épisodes migratoires, comme celui des réfugiés grecs d’Alep en 1922. La couleur cède la place au noir et blanc ; les visages se substituent aux pieds. Le positionnement dialectique tranche avec les premières parties plus libres. Qu’importe, la force évocatrice demeure intacte. Le 24 mai 2016, les autorités grecques ont évacué le camp. Depuis le démantèlement, certains réfugiés ont été recueillis par des familles d’accueil locales. Pour les autres, l’exil continue. L’Europe n’en a pas fini avec ses fantômes.
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