Synopsis
Derrière le phénomène du Grand bleu, oeuvre à la fois adulée et conspuée de Luc Besson, L’Homme dauphin semble vouloir rétablir la vérité - du moins l’histoire réelle - de Jacques Mayol. Aventurier, cet amoureux de la nature et des dauphins découvre l’univers de la plongée en apnée dès sa tendre enfance. À l’âge de 39 ans, il établit un premier record. Une performance bientôt supplantée par de futurs autres exploits... et une conscience de militant écologiste. Dans ce documentaire à la forme très classique et didactique, Lefteris Charitos retrace le parcours de Mayol, de Marseille au Japon sans oublier la Floride ou encore l’île d’Elbe. Aux quatre coins du monde, l’homme ne cesse de repousser ses limites et dédie sa vie à une passion que peu de personnes semblent réellement saisir, si ce n’est d’autres passionnés. Ainsi, le réalisateur compile les témoignages de champions de la plongée tels qu’Umberto Pelizzari, Mehgan Heaney-Grier ou encore Bob Croft. Tour à tour, les intervenants dressent le portrait d’un homme qui n’a que faire de la compétition sportive. Pour Mayol, chaque plongée est une connexion avec "Mère-Nature", une symbiose entre le corps et l’esprit. Un voyage sensoriel que Charitos ravive à l’aide d’images d’archives soigneusement sélectionnées. Si les plages laudatives sont au rendez-vous, le documentaire n’hésite pas à dévoiler une vie privée moins harmonieuse. Dévoré par sa passion et sa soif d’ailleurs, Jaques Mayol quittera sa première épouse, Vibeke Boje Wadsholt, et ses enfants - qui reviendront avec tendresse et mélancolie sur cette période agitée. Si L’Homme dauphin s’attache à décortiquer "la vie du plongeur qui a inspiré Le Grand bleu", le documentaire n’élude pas pour autant le bouleversement qu’a été le long métrage de Luc Besson. Avec plus de 9,2 millions d’entrées en France, le film éclaire alors un domaine inconnu du grand public. Mais qu’en est-il du vrai plongeur ? Hors des feux des projecteurs, Mayol digère difficilement ce succès et regrette, selon les dires de ses amis, de ne pas avoir directement participé à la production. Cette expérience en demi-teinte offre alors un matériau plus rugueux au documentaire, jusqu’ici très convenu. Questionnant en creux la frontière entre la réalité et la fiction et la - parfois - douloureuse appropriation cinématographique, l’épisode du Grand bleu semble suggérer que le film a partiellement dénaturé l’image de la plongée en apnée. Si le fond interpelle, la forme se révèle cohérente. Comme pour boucler la boucle, Charitos convie Jean-Marc Barr, l’interprète de Mayol sur grand écran, à assurer la narration du documentaire. Puisant dans les écrits de l’apnéiste (Homo Delphinus, ouvrage autobiographique sorti en 1986), l’acteur tente de restituer la pensée de l’aventurier et l’individu qu’il était : aussi fougueux qu’imparfait. Justifiée ou non, la célébration est évidente. D’autant plus que les derniers jours de Jacques Mayol semblent ponctués d’une triste ironie. Le 22 décembre 2001, il se suicide à l’âge de 74 ans. Émue, sa fille Dottie confie alors que son père n’a finalement jamais supporté la solitude ni l’absence d’une éventuelle seconde famille.
© LES FICHES DU CINEMA 2018