Fotbal infinit (2017) Corneliu Porumboiu

Football infini

Pays de productionRoumanie
Sortie en France06 juin 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurCorneliu Porumboiu
Société de production 42 Km Film (Bucarest)
ProducteurMarcela Ursu
Producteur exécutifRamona Grama
Distributeur d'origine Capricci
Directeur de la photographieTudor Mircea
Ingénieur du sonOsman Petrisor
Ingénieur du sonAlexandru Dragomir
MonteurRoxana Szel

générique artistique

Laurentiu Ginghina(dans son propre rôle)
Corneliu Porumboiu(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Outre une poignée de fictions à l’austérité en trompe-l’oeil (notamment les très beaux Policier, adjectif et Le Trésor), sous lesquelles couvent un burlesque à froid et une malice discrète, Corneliu Porumboiu a conçu deux documentaires consacrés - entre autres choses - au football. Dans Match retour (2014), il revisionnait, en un plan-séquence fixe de 90 minutes et en compagnie de son père, un derby Steaua/Dinamo Bucarest arbitré par ce dernier vingt-six ans plus tôt. L’occasion de deviner, en filigrane, les grandes lignes d’une relation père-fils, mais aussi d’évoquer par la bande la Roumanie de Ceaucescu. Dans Football infini, le cinéaste dresse le portrait de Laurentiu Ginghina, haut fonctionnaire à la préfecture de Vaslui (ville natale de Porumboiu) et passionné de football travaillé par une idée fixe : révolutionner les règles d’un sport qu’il juge, d’une part, aberrantes (dans la logique de jeu qu’elles supposent) et, d’autre part, dangereuses (pour les joueurs, exposés à des contacts violents). Le "football infini" du titre (système de jeu alambiqué et peu propice au spectacle, antithèse absolue du "football total" initié par Rinus Michels à l’Ajax d’Amsterdam des années 1970, en premier lieu en ce qu’il empêche les joueurs de permuter leurs postes en cours de match) est donc celui que compose, amende, rature, inlassable et obsessionnel, sur ses heures de loisir, et de sommeil sans doute, Ginghina. Or, peu à peu, ses trouvailles, chacune censée corriger un souci occasionné par une trouvaille précédente (refondation du terrain en figure octogonale, ajout de lignes dans sa largeur, extension de la surface de réparation, révision de la règle du hors-jeu, scission des formations en sous-équipes...), si elles s’adossent a priori à deux principes élémentaires (d’une part, favoriser le mouvement du ballon, au détriment de celui des joueurs, cantonnés, selon leur poste, à une zone précise du terrain ; d’autre part, raréfier les contacts et ainsi minimiser les risques de blessures), finissent par rendre le jeu impraticable, pour en faire une construction théorique vouée à ne jamais coïncider avec l’impératif de spectacle et le plaisir des joueurs. Bonne pioche, une fois encore, pour Porumboiu : plus le dispositif est minimaliste (nous voici envoyés au tableau, où Ginghina expose patiemment, feutres et aimants à l’appui, ses principes révolutionnaires), plus il s’ouvre à l’impromptu (la requête administrative d’une vieille femme au bureau de Ginghina, et qui vient interrompre une conversation entre ce dernier et Porumboiu), et plus la simplicité de ce que, fondamentalement, raconte le film, se fait jour. Car l’obsession de Ginghina trouve sa source, on le devine, dans des aspirations déçues (un travail qui l’ennuie ; des départs contrariés pour les États-Unis où, un temps, il voulut vivre) et une blessure - un tacle qui lui valut une fracture dont la rechute, à quelques années de là, le força, jambe brisée, à souffrir le martyre pour rentrer chez lui. La tristesse, elle aussi, pourrait être infinie, si Porumboiu n’accompagnait la démarche de son héros - dribbler la peine et amender le souvenir d’un chemin de croix.
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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