Les Âmes mortes (2017) Bing Wang

Pays de productionFrance ; Suisse
Sortie en France24 octobre 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée495 mn
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Générique technique

RéalisateurBing Wang
Société de production Les Films d'Ici (Paris)
Société de production CS Productions
Coproduction Adok Films (Genève)
Coproduction Arte France Cinéma
ProducteurSerge Lalou
ProducteurCamille Laemlé
ProducteurLouise Prince
ProducteurBing Wang
CoproducteurJosé Michel Buhler
CoproducteurYang Wang
Producteur exécutifYing Liangpour le tournage en Chine
Directeur de productionMartin Bertier
Directeur de productionDi Wang
Directeur de productionZhe Li
Distributeur d'origine Les Acacias (Paris)
Directeur de la photographieBing Wang
Ingénieur du sonRaphaël Girardot
MixeurAdrien Kessler
MonteurCatherine Rascon

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Après le délicat Madame Fang, primé à Locarno en 2017, Wang Bing poursuit son oeuvre monumentale, portrait d’une nation et fresque universelle sur la condition humaine, avec cette fois une plongée dans la mémoire de la répression "anti-droitière" du régime à partir de 1957. À la suite notamment de l’échec d’un premier "bond en avant initié en 1955 (annonçant le futur Grand Bond), Mao lance la "campagne des Cent Fleurs" : chacun est appelé à critiquer le parti, en vue d’améliorer celui-ci. Mais très vite, face à l’ampleur des remises en cause, le gouvernement fait volte-face et réprime avec férocité tous les contestataires, envoyés en camp de rééducation. De l’un, qui a osé pointer le fossé existant entre le parti et les masses, à cet autre qui n’a fait que dessiner des larmes sur un portrait de Mao, en passant par tant d’autres qui n’ont rien fait du tout, ce sont des centaines de milliers de personnes qui sont déportées dans des camps comme celui de Jiabangou ou de Mingshui, dont il est question ici. Le film se compose pour l’essentiel d’entretiens longs, très peu coupés, avec des survivants de Mingshui. Ils ont 75 ou 90 ans et décrivent le véritable guet-apens qu’a constitué la campagne des Cent Fleurs. Ils évoquent les 250 grammes de farine par jour et par personne pour toute nourriture, les abris troglodytes n’abritant que la moitié du corps, les oedèmes liés à la sous-nutrition, et la faim, la faim, la faim qui tue. Le travail, au début, puis la rapide transformation en morts-vivants. L’un des témoins raconte comment il a refusé de la farine à un autre homme : Dans ces situations extrêmes, on perd son humanité. Je n’ai rien donné, il est morte. Wang Bing pose des questions, demande des précisions. Les différents témoins passent par le rire, la gravité, les larmes. Ressortent de ces nombreux entretiens une souffrance incommensurable, une mise en lumière de la cruauté retorse du régime maoïste, et le sentiment d’une page qui ne peut pas se tourner. Le cinéaste interroge également un ancien cadre du camp de Mingshui, dont le récit n’embellit en rien les conditions de vie des droitiers internés : Ils voulaient leur mort, dit-il au sujet des donneurs d’ordre. Si les plus de huit heures du film sont denses, passionnantes, les avoir coupées en deux parties permet de préserver l’attention du spectateur. Contrairement à de précédents films tels À l’ouest des rails ou Les Trois soeurs du Yunnan, Wang Bing ne recherche pas ici la beauté visuelle. On s’approche du document brut, de portée historique. L’écriture du cinéaste est cependant toujours bien là. Ainsi ce long plan final parmi les ossements d’anciens internés, ça et là, à même le sol, sur le site de Mingshui. L’auteur marche, arrête son cadre sur un tas d’os, puis reprend sa route, s’arrête à nouveau... Après toutes ces paroles, ce plan silencieux est comme un hommage simple et beau aux victimes des camps de rééducation chinois. Un film important, tant pour le public chinois, qui ne le verra malheureusement pas de sitôt, que pour le public hexagonal, comme un antidote à la triste période maoïste de nombreux intellectuels français.
© LES FICHES DU CINEMA 2018
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Exploitation

Nombre de salles de sortie (Paris)2
Nombre d'entrée première semaine (Paris)1092
Nombre d'entrées première semaine (France)1092
Nombre de salles de sortie (France)2