Free Speech Fear Free (2016) Tarquin Ramsay, Jörg Altekruse

Free Speech, paroles libres

Pays de productionGrande-Bretagne ; Allemagne
Sortie en France05 septembre 2018
Procédé image35 mm - Couleur
Durée80 mn
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Générique technique

RéalisateurTarquin Ramsay
RéalisateurJörg Altekruse
ScénaristeTarquin Ramsay
Société de production Fear Free Films
Coproduction Zeitfilm Media GmbH (Hamburg)
ProducteurTarquin Ramsay
CoproducteurJörg Altekruse
Producteur associéDiani Barreto
Producteur associéOlivia Gillman
Producteur associéSarah Van der Gucht
Producteur déléguéSusan Benn
Distributeur d'origine Jupiter Films
Directeur de la photographieNiels Ladefoged
Ingénieur du sonEdward Glynne Jones
Ingénieur du sonCharlotte Riddick
MixeurBen Rock
Compositeur de la musique originalePeter Salmang
MonteurRoland Musolff
MonteurNiels Ladefoged
MonteurDavid Naden
MonteurEmma Vicker

générique artistique

Julian Assange(dans son propre rôle)
Jude Law(dans son propre rôle)
John Kiriakou(dans son propre rôle)
Sarah Harrison(dans son propre rôle)
Diani Barreto(dans son propre rôle)
Niamh Barreto(dans son propre rôle)
Rop Gonggrijp(dans son propre rôle)
Jacob Appelbaum(dans son propre rôle)
Jérémie Zimmermann(dans son propre rôle)
Julia Farrington(dans son propre rôle)
Andy Müller-Maguhn(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Comme pour bon nombre de documents militants et engagés, Free Speech pose la question de savoir s’il n’aurait pas été plus approprié de le diffusé à la télévision - ce qui d’ailleurs n’aurait pas été un camouflet - plutôt que dans les salles de cinéma, tant ce film du très jeune réalisateur britannique Tarquin Ramsay apparaît être une sympathique oeuvre de flux plutôt qu’un suprême brûlot voué à laisser une trace profonde dans l’histoire des formes. Pourtant, le synopsis est séduisant : un jeune homme, tout en candeur, demande innocemment à des activistes ce qu’est la liberté d’expression, en quoi celle-ci est bridée, corsetée, souillée, et dans quelle mesure un soulèvement populaire parviendrait à bousculer l’ordre établi de la surveillance. Mais, une fois exposées ces prémisses encourageantes, il aurait sans doute fallut penser la question "en cinéma", c’est-à-dire transcender par le montage ou une quelconque mise en scène les informations recueillies. Hélas, Ramsay semble rechigner à altérer, à mélanger, à sublimer le stock de ses témoignages, qu’il se contente d’empiler sans donner de cohérence à leur assemblage. En résulte un film dont les visées hautement subversives ne produisent finalement qu’un discours assez terne, filandreux et confus dans ses concepts (le film mélange bien trop souvent liberté d’expression, droit à l’information et liberté d’opinion). De ce maelström épais se dégagent certes quelques figures saillantes, comme ce hacker allemand qui déambule dans la C-Base, une zone secrète d’activistes, et dont la foi en une utopie libertarienne irradie le film d’un salvateur optimisme concret. Malheureusement, la plupart du temps, les intervenants font le strict minimum : Julian Assange nous dit que nous sommes surveillés, et que l’ère ultra-connectée dans laquelle nous évoluons est à la fois une ère d’expansion et de bâillonnement de la parole (sans blague ?!), tandis que Jude Law (!) a l’air de soutenir un théâtre dissident avec le même entrain que quand il patiente à la boulangerie, et assène des tonnes de truismes, les yeux plissés, avec un esprit de sérieux à mourir de rire. C’est alors qu’une évidence méta-filmique nous saute aux yeux, et empêche le film de se confire dans sa propre suffisance. Free Speech devient alors (un peu contre lui) presque fascinant dans son inversion des valeurs : on observe des spécialistes de la liberté d’expression discourir sans grande conviction d’un principe fondateur de la démocratie, sans que personne ne les écoute vraiment. Ils sont émetteurs d’un message sans récepteur, d’autant que le film se garde bien d’opposer au verbe l’action, à l’individu détenteur du savoir la foule. Et quand, en guise de conclusion, Ramsay demande à ses intervenants d’imaginer une société où la liberté d’expression existerait en tant que principe inaliénable, les silences embarrassés qui suivent sont suprêmement éloquents : le jeune maïeuticien a réussi à endormir son propre film, à le rendre génialement inutile - c’est sans aucun doute involontaire, mais c’est de loin l’idée la plus vertigineuse du documentaire.
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